Indifférence et privation d’affection

Les démonstrations d’affection sont primordiales pour le jeune enfant, pour ne pas dire vitales. Considérez déjà vous, adulte, comme vous vous sentez mal quand une personne qui vous est chère ne vous démontre pas d’affection ? que ce soient des bisous, des câlins, des mots doux, du temps passé ensemble, les enfants en ont besoin pour leur bon développement. N’oublions pas que l’enfant dépend totalement de ses parents : pour lui, un manque d’affection sera interprété comme une mise en danger de sa survie.

Par ailleurs, le jeune enfant agit par mimétisme. S’il est aimé et sécurisé par ses parents, il agira de même, plus tard, dans ses relations avec autrui. A l’inverse, s’il est maltraité, négligé, il risque fort de reproduire le même type de comportement négatif toute sa vie.

Malheureusement, le mode de vie trépidant de nos sociétés modernes fait que bien souvent les parents oublient de montrer des signes d’affection, ils sont tout le temps dans la course et le stress, et n’ont bien souvent qu’une hâte le soir, c’est de se coucher (=se débarrasser des enfants), alors que l’enfant a précisément besoin d’être câliné, rassuré, et lui aussi réconforté de sa dure journée.

D’autre part, plus l’enfant grandit, plus le parent a tendance à « oublier » de montrer ces signes d’affection, considérant souvent que l’enfant, plus grand, n’en a tout simplement plus besoin. Et puis il faut bien l’avouer, la pudeur de nos sociétés quant à la démonstration des sentiments, fait que s’il est commun de papouiller un bébé, il n’en va pas de même du tout pour un enfant de 10 ans, et encore moins, a fortiori, pour un adolescent – qui pourtant, est bien souvent dans une détresse absolue, et serait tellement aidé si les barrières mentales sociales tombaient, et que ses parents lui démontraient plus d’affection. Le manque de communication qui s’installe à l’adolescence, et qui pourrit bien des familles, vient principalement du fait que les jeunes ne se sentent ni aimés, ni compris. Ils vont donc se replier sur eux-mêmes ou choisir la voie de l’agressivité comme système de défense, et d’expression de leur détresse. Le parent, piqué au vif, réagit généralement et fort malheureusement, à l’inverse de ce qui lui est demandé, à savoir qu’il va lui aussi chercher à se défendre. C’est alors l’escalade infernale.

Il est primordial de montrer des signes d’affection aux enfants, y compris aux nourrissons – imaginez un bébé passer ses journées dans un état de stress permanent ? il faut bien être conscient que le cerveau de l’enfant se développe constamment jusqu’à l’âge de 8 ans environ pour les principales fonctions, mais en réalité, jusqu’à 25 ans. Le cerveau de l’enfant, à la naissance, est prêt à ressentir toutes sortes d’émotions, mais il n’est absolument pas prêt à les exprimer correctement (comprenons, de manière à ce que l’adulte les comprenne), et encore moins à les gérer (d’ailleurs, on peut se demander si on ne l’est jamais totalement ?). Or, un enfant manquant de signes affectifs, ne pourra accéder correctement à la maturation cérébrale. L’ocytocine, hormone du bonheur, responsable de cette maturation, lui fait défaut. Cet individu grandira avec des difficultés cognitives, sociales, une incapacité à gérer ses émotions, des problèmes comportementaux, qui perdureront sa vie durant, s’il ne se fait pas aider par un thérapeute compétent et spécialisé.

L’indifférence des parents peut avoir plusieurs causes :

  • C’est un modèle éducatif qu’ils ont eux-mêmes subi durant leur enfance ;
  • Ils sont épuisés et pas loin du burn-out ;
  • Ils se réfugient derrière ce type d’éducation pour forger des enfants « forts » ;
  • L’enfant, trop idéalisé par les normes sociales et les pressions familiales, n’a pas répondu à leurs attentes ;
  • On parle aussi d’éducation négligente, notamment lorsque la dimension financière entre en compte dans l’indifférence dont les enfants font l’objet (l’investissement parental, dans tous les sens du terme, fait défaut).

Parents : les situations ordinaires où l’on se montre indifférents.

Un des aspects essentiels de l’amour parental réside dans l’affection, l’acceptation inconditionnelle, et le simple fait d’entretenir une relation. L’indifférence, c’est priver l’enfant de ce dont il a besoin au quotidien, notamment de l’affection, mais c’est aussi le rejeter. Être indifférent, c’est se comporter comme si l’enfant n’était pas là ou n’existait pas. Cela se traduit par de multiples manifestations qui sont autant de Violences Éducatives Ordinaires :

  • Parler de lui à quelqu’un d’autre en sa présence ;
  • Ne pas prendre le temps de passer des moments de qualité avec son enfant ;
  • Avoir des conversations qui l’excluent car il ne peut pas les comprendre ;
  • Ne pas l’écouter quand il parle ;
  • Ne pas accueillir ni entendre ses émotions et sentiments ;
  • Ne pas le protéger quand il en a besoin ;
  • Ne pas exprimer de reconnaissance quand il fait quelque chose, alors que nous le ferions pour un adulte (les « merci » se font souvent rares quand il s’agit des gestes des enfants, beaucoup de parents considérant que c’est normal par exemple qu’il débarrasse la table) ;
  • Ne pas prendre en compte ses goûts et ses opinions ;
  • Être plus intéressé(e) par son journal/téléphone/série télé, ne pas interrompre nos activités lorsque l’enfant nous parle ou a besoin de nous ;
  • Ne pas réagir aux pleurs/ à la détresse de son enfant ;
  • Ne pas répondre aux besoins ponctuels de l’enfant (d’être rassuré, câliné, porté, de passer un moment de complicité, etc) ;
  • Nier ses souffrances, minimiser ses douleurs (« c’est rien », « tu pleurniches tout le temps », « quel bébé », etc) ;
  • Négliger son suivi médical ou ne pas consulter en cas de troubles importants ou récurrents ;
  • Ne pas encourager l’enfant dans sa voie ; 
  • Lui imposer nos activités sans tenir compte de son intérêt et de ses rythmes biologiques ;
  • Faire passer notre confort avant le sien ;
  • etc.

Comment savoir qu’un enfant souffre de carence affective ?

Il existe plusieurs signes, là encore bien souvent mal interprétés – les croyances sociales ont la vie dure. Bien sûr, les raisons peuvent aussi être autres, mais ce sont la violence et surtout la fréquence des comportements, qui doivent alarmer les parents. Également, si un enfant est jugé trop sage ou trop tyrannique, il faut s’inquiéter. Voici une liste non-exhaustive de signes fréquemment observés au quotidien :

  • L’enfant va à l’encontre des attentes parentales ;
  • L’enfant multiplie les démonstrations négatives en public ;
  • L’enfant est perpétuellement agressif et/ou sur la défensive (il manifeste ainsi son insécurité) ;
  • L’enfant pleure plus que de raison ;
  • Il est impulsif et résiste mal aux sauts d’humeur ;
  • L’enfant se sous-estime et a tendance à se faire du mal ;
  • L’enfant manifeste des peurs de l’abandon ;
  • L’enfant a de faibles résultats scolaires, il ne montre d’intérêt pour rien, et souffre d’un manque de motivation généralisé ;
  • Il n’arrive pas à s’intégrer à un groupe, ou en société ;
  • Il a tendance à se replier sur lui-même ;
  • Il se plonge plus que de raison dans les écrans ;
  • Il est très attentif à ce qui se passe autour de lui, mais dans un état de stress permanent, guettant le moindre signe pouvant indiquer un changement dans une situation qu’il juge précaire (il se sent perpétuellement en danger) ;
  • Il est rongé par un sentiment d’abandon et se sent très dévalorisé, non méritant, impossible à aimer.

L’indifférence est extrêmement blessante, elle est une négation de l’existence de l’individu et laisse des blessures profondes. Elle peut se rencontrer dans le milieu familial, mais aussi en structures collectives (crèches, écoles, etc). Elle peut viser un individu en particulier ou bien s’appliquer à tout un groupe (au cœur de la cellule familiale : les filles, les garçons, les enfants d’une autre union, et dans le cadre de collectivités : ceux que nous venons de citer, ainsi que les enfants de moins de deux ans, les enfants présentant des troubles particuliers, etc).

Comportements adultes exprimant l’indifférence dont ils ont été victimes étant enfants :

A l’âge adulte, on retrouve de multiples manifestations de l’indifférence subie pendant l’enfance. Il y a les troubles classiques : du sommeil, alimentaires, parfois pathologiques, et il y a aussi des troubles comportementaux typiques du manque affectif provoqué par l’indifférence : 

  • Insensibilité, manque d’empathie ;
  • Refus de se faire aider par les autres (afin de se protéger et de ne pas revivre de déceptions émotionnelles trop envahissantes) ;
  • Sensation de vide permanent qui se traduit par une insatisfaction récurrente, une quête jamais achevée ;
  • Perfectionnisme extrême (tentative inconsciente de plaire) ;
  • Hypersensibilité au rejet, sentiment constant d’insuffisance, d’illégitimité, de non acceptation

Les cas dramatiques d’indifférence aux violences graves

Les dégâts de l’indifférence sont particulièrement graves lorsqu’elle concerne des enfants victimes de graves maltraitances. Un enfant ayant subi des abus sexuels qui restent ignorés ou qu’on lui demande de garder secrets pour préserver le bien-être familial (ce qui en soi est une énorme preuve d’indifférence), souffrira autant de l’abus physique en lui-même que de l’indifférence dont il fera l’objet par la suite. On parle de conséquences psycho-traumatiques, qui ont souvent des conséquences neuronales graves. On constate chez ces jeunes victimes des atteintes corticales, des altérations des circuits émotionnels, des troubles cognitifs, une mémoire sélective et traumatique, une dissociation (l’être victime se détache de son vrai moi, et a l’impression d’assister à un film alors qu’il s’agit de sa propre vie, il se détache de sa réalité). Cela conduira à un manque d’estime de soi extrême, à des comportements souvent auto-destructeurs (prostitution, drogues, suicide), ou bien au contraire à des troubles sociaux appartenant à des stratégies de survie (conduites d’évitement ou de contrôle par exemple). Ces troubles s’installent à vie, à moins que l’individu concerné ne bénéficie de l’’empathie et l’écoute active d’un témoin secourable.

L’autre risque important est que ces enfants victimes, parce qu’ils auront eux-mêmes subi dans l’indifférence, reproduisent à leur tour sur leurs propres enfants, une fois devenus adultes, ce qu’ils auront vécu durant leur propre enfance.


Illustration par : @amphigary (instagram) / @amphigary (facebook) / amphigary@icloud.com



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3 réponses sur “Indifférence et privation d’affection”

  1. ooops le sentiment du lien indéfectible que je pensais
    existentiel entre ma mère et moi vient de m’être confirmer comme étant celui de l’indifférence totale de cette dernière , 62 ans pour voir cela ! rude descente d’autant plus que ceci le fut a cette lecture par mon frère lequel a eu un testostérone a 17 ans j’en avais 12 ,
    lequel après ma deffence donc me demanda de ne rien dire a maman sinon il me tuait je pensais que mentalement donc selon lecture cela n’était déjà fait
    lequel m’avait poussé dans les escaliers , à la renverse
    j’avais dans les 7 ans .
    la lecture donc ici de cet article ne l’est que sur une agression de ce dernier sur moi la deuxième la première ayant failli m’être fatale choquée traumatisée je n’ai pas eu présence d’esprit d’aller voir un medecin pour suite a agression physique , ni donc d’effectuer dépot de plainte
    résultat aujourd’hui cette agression physique m’a apporté un t rouble physique et neurologie par le stress et la souffrance mentale qu’un frère soit agressif enver sa soeur laquelle venait l’aider , lui fêter son anniversaire oooops avec maman laquelle est restée sans ne rien faire
    il en fut de meme sur la seconde agression chez notre mère m’occupant d’elle tous les jours ce en plus de mon travail avec l’âge restons correct certaines facultés peuvent décliner pensant ceci chez ma maman , donc je mettais toutes les e xcuses sur son indifférence totale envers
    moi la seule attention étant pour les repas ayant l’impression d’être soit un frigo ou un buffet !
    mon frère suite a 4 ans de silence maman ce demandant
    ce qu’il devenait bien que ne lui écrivant pas non plus
    ????? !!!! , vint sans en visiteur surprise il ya a un mois
    sur une conversation dont nous n’étions pas en accord
    le ton monta chez lui se dernier commenca a me harceler mentalement , pour ensuite me faire comprendre que je n’étais rien car je vis chez ma mère depuis l’âge de 16 ans …….. indifférence quand tu nous tiens , donc ce dernier étant ……… dans les normes ! il avait donc tous les droits pour cette attitude m’accrochant donc sur mon raisonnement et lui démontrant que lui même était sans respect dans sa visite il vint a mon fauteuil où j’étais assise et m’agressa physiquement en me faisant une clef sur les bras et me donnant coups de poings dans les bras et coups de pieds dans les jambes ,
    une seule jambe de libre me permis de me libérer de cette
    paraplysie en lui mettant coup de pied dans les parties et
    un appel instantanné d’un contact me sauva la vie d’un retour peut être terrrible qui sait ce qui peut advenir dans ces situations maman elle était totalement en face de moi
    elle étaitt donc a tout voir elle me déclare en discutant que j’ai agressé mon frère ! alors qu!e c’est ce dernier qui est venu délibérément au fauteuil pour me taper d essus
    elle n’a donc pas bouger et maquille donc la réalité de son indéfférence par ce raisonnement pas meilleur
    un depot de plaint donc sur conseil fut et le gendarme me demanda si pour ma mére donc je souhaiter effectuer un dépot de plainte pour non assistance a personne en danger
    car toutes agressions sont un délits relevant du penal ainsi que la non assistance a une personne en danger si on se trouve devant le fait quel qu’il soit
    ma vie s’écroule donc devant ce trriste tableau traumtisé par ces 2 agressions portées sur moi par mon frère
    et l’immobililsme de ma mère total sur tout cela tant sur ce qu’elle éprouve en consatant cela en laissant faire
    et en apportant pas une bonne parole apaisante également
    depuis ce 3 novembre 22 je suis dans une angoisse
    ce dernier ayant souhaité revenir une fois par mois voir sa mère ! je n’ai pas le droit de lui interdire le d roit de visite
    de plus si je ne suis pas présente que peut il se passer
    si entre maman et mon frère donc le meme cas peut se présenter car comme maman se dernier est donc lui aussi dans ce cas de figure et donc fait absence de l’age de maman et des complictions ou maladie que l’age apporte
    ma présence est donc indispensable aux risques a présent peut être de ma vie
    le tribunal n’a toujours lu pas le dossier les questions courent dans ma tête a t-il été entendu , ou la plainte n’a pas été suivie ce qui est souvent le cas et donc la réponse viendra dans un certain temps ! ceci apportant un plus
    sur le choc traumatique d’une agression , de cette indifférence totale familiale donc sur moi maman déjà alors que je m’occuper d’elle pour lui éviter l’ephad ce avec mon activité professionnelle en plus et des soucis de santé aggravés déjà par la 1ERE agression cette lecture m’affirmant donc par les ” symptomes ou signes ”
    cet état m’apporte aujourd’hui ce sentiment d’abandon
    total donc de mes proches ceci m’apportant donc également une image de moi même négative car lorsque l’on est b ien
    on est bien avec vous ? ici que peut on dire ??????
    bien seule donc , l’adaptation psy va donc être encore de mise ici sur cette partie de vie que je me pensais être mienne donc pour profiter un peu de la vie a laquelle j’appartiens ben non ! on n’a plus envie de voir quelqu’un après cela ni la communication simple
    sait on jamais ou le pire des risques et d’être catégorique
    sur ses propos pour ce faire bouclier meme si .
    Bien a vous et merci du retour si vous le pensez et jugez utile .

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