Le 28 mars 1882, la loi Ferry instaure l’instruction obligatoire en laissant le choix que cette instruction ait lieu dans un établissement scolaire ou au sein des familles. Nous allons nous concentrer sur l’instruction donnée en famille, ce que l’on appelle aussi l’école à la maison ou le homeschooling.
En France, cette pédagogie concerne quelques milliers d’enfants et d’adolescents. Le choix de déscolariser ses enfants est très souvent accompagné d’une volonté très forte de repenser les relations éducations entre les adultes et les enfants. Une nouvelle parentalité, un nouvel accompagnement dans lesquels les besoins, les envies et les intérêts des enfants sont particulièrement pris en compte.
Les pionniers du homeschooling
L’instruction en famille est très répandue dans les pays anglo-saxons et particulièrement aux États-Unis et en Angleterre. Dans ces deux pays, deux grands pédagogues ont pu permettre à l’instruction en famille de se démocratiser.
Tout d’abord, la Britannique Charlotte Mason pour qui l’enfant doit être considéré comme une personne à part entière que nous devons respecter dans toute sa personne. Pour Charlotte Mason, il est indispensable de trouver un équilibre harmonieux entre l’enseignement écrit et l’enseignement oral. La coéducation, entre parents et enfants, est la clé pour trouver cet équilibre. Par ailleurs, Charlotte Mason fait la part belle aux livres vivants qui sont vitaux pour le développement intellectuel de l’enfant qui a besoin d’idées vivantes pour grandir. Ces « living books » doivent apporter des idées exaltantes qui permettront de nourrir tous les domaines d’études (géographie, histoire, grammaire, astronomie…).
Notre travail d’éducateur est d’exposer l’enfant à un maximum de belles et grandes idées : il a besoin d’une grande quantité de matière noble pour bâtir sa propre vie.
La pédagogie Charlotte Mason, par Laura Laffon
Ensuite, parmi le militant de l’instruction en famille, nous retrouvons également le militant américain du droit des enfants et du homeschooling : John Holt. Pour cet enseignant, il est impossible de réformer le système scolaire. Il est donc indispensable d’avoir recours à l’instruction à la maison.
Enfin, Ivan Illich est aussi un grand défenseur de l’instruction en famille. Dans son livre « La société sans école », il prône la déscolarisation et repense une société sans école.
En France aussi, nous avons de grands défenseurs de l’instruction en famille. Parmi eux Christiane Rochefort qui, dans son livre « Les enfants d’abord », propose une lutte contre « l’oppression scolaire ». Mais aussi André Stern qui nous raconte son enfance sans école dans son livre « Et je ne suis jamais allé à l’école » et poursuit cette aventure avec son fils. Ou encore Bernadette Nozarian qui explique dans son livre « Apprendre sans aller à l’école » que le choix du homeschooling est lié à la fois au mal-être de l’enfant à l’école, mais aussi au rejet des méthodes pédagogiques et à la volonté des parents de vouloir réinventer leur vie.
Pourquoi faire le choix du homeschooling ?
D’après un sondage mené en 2020 par l’association « Les enfants d’abord », certaines familles ont fait le choix de ce mode d’instruction pour des raisons :
- Philosophiques : respect des rythmes de l’enfant, privilégier la collaboration à la compétition ;
- Pédagogiques : partir des centres d’intérêt de l’enfant pour faciliter l’ancrage des apprentissages, les accompagner dans leurs découvertes ;
- Personnelles : projet familial, pour le plaisir de vivre et découvrir ensemble, mais aussi le bilinguisme, les voyages, un handicap ou un profil atypique de l’enfant (haut potentiel, troubles dys —, sensibilité, autisme).
D’autres parents ont également fait ce choix en raison de difficultés importantes ou d’une souffrance dans le système scolaire subies par l’enfant.
L’instruction en famille en France
Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, fin 2020, ce sont environ 60 000 enfants (soit 0,4 % des enfants en âges d’instruction obligatoire) qui sont instruits en famille, c’est-à-dire de 3 ans à 16 ans.
Parmi eux, environ 20 000 enfants suivent les cours réglementés du Centre National d’Enseignement à Distance (CNED). Les 40 000 autres enfants sont répartis de la primaire (33 % en maternelle et 52 % du CP à la sixième), au collège (13 %) et au lycée (2 %).
Pour ces enfants, les familles ont fait des choix d’instruction très différents. Certaines font le choix du formel et utilisent les services de cours par correspondance comme Hattemer Academy, Cours Legendre à distance, le Cours Sainte-Anne, Cours du Sacré Cœur, Cours académiques, Kerlann… ou encore des packs comme ceux que vous pouvez trouver chez IEF Pass éducation.
D’autres familles basent leurs instructions sur des pédagogies très connues — que nous vous décrivons dans ces articles :
- La pédagogie Montessori
- La pédagogie Freinet
- La pédagogie Steiner-Waldorf
- La pédagogie Reggio
- La pédagogie Decroly
Enfin, d’autres parents partent des initiatives des enfants. Les adultes sont alors des accompagnateurs qui encourage le développement de la curiosité, de la sagacité et de l’autonomie de l’enfant. Ces familles trouvent alors leurs ressources pédagogiques grâce à Internet, des blogs ainsi que de nombreux ouvrages.
L’encadrement du homeschooling
En France, le homeschooling est très encadré. La loi qui encadre cette pratique pédagogique prévoit deux contrôles par les services de l’État pour les enfants en âge d’être instruits, donc dès trois ans.
Le premier est un contrôle qui a lieu tous les deux ans par la mairie qui demande la raison de ce choix.
Le second est un contrôle annuel de l’inspection académique qui veille au respect du droit de l’enfant à l’instruction et évalue l’acquisition progressive du socle commun de connaissances, de compétences et de culture tel qu’il est défini par l’Éducation nationale. Si le premier contrôle est jugé insuffisant, un second contrôle est alors organisé pouvant aboutir à une injonction de scolarisation dans un délai de 15 jours.
D’après le rapport du Sénat n° 595 du 7 juillet 2020, 93 % des premiers contrôles sont jugés satisfaisants par les inspecteurs académiques. Pour les seconds contrôles, seulement un tiers d’entre eux aboutissent à une injonction de scolarisation. Cela veut tout de même dire que 98 % des enfants instruits à la maison reçoivent une instruction conforme au droit de l’instruction de l’enfant.
La liberté d’instruction en famille
Depuis la loi séparatisme mise en place par le président Macron, la liberté d’instruction est mal menée. En effet, les familles faisant le choix de l’instruction en famille sont désormais soumises à autorisation, restreignant drastiquement cette liberté.
L’article 21 du projet de loi prévoit certains motifs très clairs comme l’état de santé de l’enfant, les activités sportives ou artistiques intenses, l’itinérance de la famille en France ou l’éloignement géographique d’un établissement scolaire. D’autres motifs sont beaucoup plus flous stigmatisant l’enfant et décidant de façon arbitraire et discriminatoire de son sort.
Les associations LED’A, LAIA, CISE, UNIE, les collectifs FELICIA, EELM et Enfance Libre, les parents et les enfants se battent pour défendre la liberté d’instruction en famille face à un État qui impose sa vision de l’intérêt supérieur de l’enfant, ne respectant ni l’autorité parentale ni les libertés individuelles.
Cette défense de la liberté d’instruction est également soutenue par de nombreux chercheurs à travers le monde. Beaucoup s’inquiètent de cette restriction et de ses conséquences sur la socialisation et le devenir des enfants instruits en famille. Un collectif de chercheurs en instruction en famille s’est ainsi constitué signant une lettre ouverte au président Macron.
L’instruction en famille est une liberté que nous devons préserver que nous la pratiquions ou non. En effet, à tout moment de la vie de notre enfant, nous avons cette possibilité qui nous permet de lui offrir cette instruction dans son propre intérêt.
Être libre de choisir l’instruction en famille prouve et soutient la force d’une démocratie. Elle représente une voie importante pour l’expression de soi, le choix et la liberté́ d’être, sans laquelle la citoyenneté́ est réduite. Le fait d’avoir le choix légal d’instruire en famille crée le choix d’aller à l’école, plutôt que d’être contraint de fréquenter l’école. Ainsi, tous les citoyens peuvent se dire libres et vivre dans une démocratie qui les aide à s’épanouir et à être eux-mêmes, par choix.
Leslie Safran Barson
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7 réponses sur “Qu’est ce que l’école à la maison, le homeschooling ?”