Le maternage proximal

Le maternage proximal, c’est quoi ? 

C’est une philosophie d’accueil du bébé, radicalement opposée aux habitudes ancrées dans nos sociétés qui relèvent plus d’un maternage distal : c’est-à-dire ne pas trop s’occuper d’un bébé, le laisser pleurer, ne pas le laisser dicter les horaires de prise alimentaire, de sommeil, etc – en somme, ne respecter ni ses besoins primaires ni son rythme biologique, au profit du confort parental. 

A contrario, le maternage proximal prône une présence quasi permanente de la mère, et des soins abondants (à volonté). C’est une nouvelle tendance qui a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années, à la faveur notamment de la diffusion des découvertes des neuroscientifiques en matière de développement de l’enfant, particulièrement de son cerveau.

Le maternage proximal, c’est prendre grand soin de l’enfant, le sécuriser, le consoler, le câliner, lui prodiguer des gestes tendres, parler d’une voix douce, l’apaiser, le regarder avec amour. C’est suivre son instinct, écouter son cœur, ses besoins et ses envies de maman, au lieu de se laisser influencer par le conditionnement social, les paroles et le regard des autres – qui conservent aujourd’hui encore un poids énorme dans nos sociétés occidentales.

Le but de cette philosophie de vie est de maintenir le bébé le plus longtemps possible dans une sorte de cocon qui facilite la transition entre le monde réel et le paradis de la bulle utérine. Elle s’appuie sur la théorie de l’attachement développée par John Bowlby dans les années 60.

Prolactine : l’hormone du maternage

La prolactine est l’hormone phare du maternage. Elle initie et maintient la lactation. Elle diffuse l’amour maternel au nouveau-né, en étroite association avec l’ocytocine – il y a donc danger si l’ocytocine est réduite ou fait défaut.

Pour plus d’infos sur l’ocytocine, voir nos articles : Accouchement physiologique et « maternités Nature » et La séparation à la naissance : pourquoi il faut l’éviter.

Cette hormone est très ancienne, on la retrouve chez les mammifères mais aussi chez les ovipares : c’est par exemple cette hormone qui entraîne la construction du nid chez les oiseaux, ainsi que les comportements agressifs de protection des petits chez la plupart des animaux. Notons aussi qu’à la naissance, elle participe à la maturation des poumons du nouveau-né.

Réponses aux critiques du maternage proximal

Les principaux points du maternage faisant l’objet de critiques sont : 

  • Répondre systématiquement aux pleurs du bébé – contrairement à l’adage classique, laisser pleurer bébé ne l’aide absolument pas à se faire les poumons. Au contraire, cela entraîne un afflux d’hormones toxiques et destructrices dans le cerveau. Le bébé apprend que s’exprimer ne sert à rien puisque ses besoins primaires ne sont pas remplis malgré ses multiples appels.  Il va avoir tendance à se renfermer sur lui-même, à devenir « l’enfant sage » qui devrait tant inquiéter les parents, plutôt que de les réjouir. En revanche, répondre aux pleurs du bébé, c’est subvenir à ses besoins fondamentaux (ce à quoi on s’engage quand même quand on décide de faire un enfant, ou de le garder en cas de grossesse surprise). C’est aussi favoriser le maintien et le développement du lien avec la figure d’attachement – conditions primordiales à la création de la sécurité affective, sans laquelle un enfant ne pourra s’intégrer au monde.
  • Le porter à la demande – la proximité avec la figure d’attachement rassure considérablement le tout-petit qui n’est pas encore prêt à affronter le monde, se retrouvant propulsé dans le grand et effrayant inconnu après la chaleur confortable, rassurante et exclusive de la vie intra-utérine. Cela lui permet de s’endormir apaisé et sécure – or, le sommeil du bébé a une importance considérable dans son bon développement corporel et cérébral, il est donc essentiel d’en préserver la qualité et de veiller à ce que l’enfant dorme en quantités suffisantes. 

Voir aussi :   Comment accompagner son enfant vers le sommeil ? (Sans l’y contraindre)

Le portage permet en outre d’inclure bébé dans les activités parentales, ce qui permet d’éveiller son intérêt tout en lui permettant de ne pas se sentir isolé. Attention simplement, quand bébé grandit, à penser à lui ménager des temps où il peut s’éveiller au monde dans un autre espace.

  • Pratiquer le peau-à-peau – le contact peau-à-peau apaise les angoisses du nouveau-né, l’aide à réguler sa propre température corporelle, favorise la stabilisation de la respiration et du rythme cardiaque, facilite l’allaitement (et sa durée, en accroissant la confiance en elle de la maman allaitante). Le peau-à-peau est à utiliser sans modération dès la naissance et surtout dans les 4 premiers mois de vie, afin de ne pas troubler l’enfant dans la prise de conscience que son corps est différent du nôtre, et lui appartient. Toutefois, on pourra aussi avoir recours au peau-à-peau sur la durée dans les cas de difficultés pathologiques importantes, ou bien dans des situations stressantes où l’enfant, victime d’un fort bouleversement émotionnel qu’il ne peut pas encore gérer, aura besoin d’un réconfort et d’un apaisement fort et immédiat.
  • L’allaiter à la demande et de façon exclusive et jusqu’à ce que l’enfant souhaite lui-même d’arrêter, quelle que soit la durée. C’est bien plus sain et naturel que les laits artificiels. Le lait maternel contribue à prévenir de nombreuses infections infantiles sur le court terme, mais il agit également sur le long terme, en participant activement à la prévention de troubles fréquents à l’âge adulte : troubles digestifs, comportementaux (comme l’obésité), hypertension, diabète, troubles cardiaques. L’allaitement participe énormément à l’installation de l’attachement mère enfant. Il participe aussi à la bonne santé de la maman : ces hormones favorisent la réduction des troubles utérins consécutifs aux accouchements, et aide à la prévention du cancer du sein. 
  • Dormir avec le bébé, en cododo. Cette pratique est dénoncée par beaucoup comme étant extrêmement dangereuse pour le bébé en tant que facteur favorisant la mort subite. Elle nuirait en outre considérablement au bon repos des parents ainsi qu’à leur avenir de couple. Dans les faits, les chiffres et statistiques des études menées sur le cododo prouvent tout le contraire.

Plus l’enfant est aimé et sécurisé, plus il prend confiance en lui et se sent prêt à affronter le monde. Il n’est pas parasité par toutes les formes de stress induites par les séparations prématurées. Le materner, contrairement à ce que disent les critiques, c’est le préparer à son bon épanouissement et à la gestion de son futur, c’est lui donner le développement affectif nécessaire pour vivre plus tard en société, hors de la présence de sa mère.

Un enfant en sécurité affective n’hésitera pas, le moment venu, à se séparer de sa mère pour aller découvrir le monde et répondre à ses besoins naturels et innés de socialisation.

Effets du maternage proximal sur le cerveau de bébé

Le maternage proximal a un impact considérable et crucial sur le développement du cerveau du bébé. Les études de Michael Meaney notamment ont prouvé que le maternage proximal :

  • Participe à la maturation du cerveau et en particulier du cortex orbitofrontal ;
  • Participe à la maturation des circuits cérébraux ;
  • Renforce l’hippocampe et le gène qui lui est allié dans ses aptitudes à gérer le stress (il s’agit du gène NRC31, qui augmente aussi l’immunité) ; 
  • Augmente le BDNF (brain-derived neurotrophic factor) qui est un facteur de croissance neuronale ;
  • Favorise la sécrétion d’ocytocine, l’hormone de l’amour et du développement relationnel, qui agit sur le bien-être, donne de l’empathie, diminue l’anxiété, favorise la coopération, l’amitié ;
  • Influe sur le système parasympathique en ceci qu’il apaise, aide à réguler les émotions, aide à se concentrer et à organiser sa pensée ;
  • Augmente le nombre de récepteurs cérébraux aux glucocorticoïdes, qui forment une sorte de bouclier qui protège l’hippocampe des afflux de stress et de cortisol (le cortisol étant l’hormone du stress).

Le maternage proximal, c’est aussi pour les papas

Le maternage peut être un paternage, mis à part bien sûr pour l’allaitement, mais l’allaitement est un des aspects du maternage parmi d’autres. Il est fortement recommandé que la mère laisse le père trouver sa place et avoir ses moments de paternage : le père peut pratiquer le peau-à-peau entre les tétées par exemple, il peut porter l’enfant lors de différentes activités, le câliner, le gratifier de regards aimants, partager le moment bienfaisant du bain, etc. Cela bénéficie grandement à l’enfant qui gagne en autonomie à avoir non pas une seule figure d’attachement, mais une figure principale et des figures secondaires.

D’autre part, les différentes études scientifiques menées sur ce sujet montrent que le comportement du père a les mêmes influences sur le bébé que le comportement des mères.

Le maternage proximal quand bébé grandit

L’ONS préconise d’allaiter exclusivement jusqu’à l’âge de 6 mois, puis en alternance jusqu’à l’âge de 2 ans, voire au-delà. Le portage ne doit pas venir entraver les besoins d’éveil de l’enfant, ainsi que ses besoins physiologiques de motricité : il faut donc apprendre à l’utiliser avec parcimonie au fur et à mesure que l’enfant grandit, et surtout à répondre aux attentes et envies de l’enfant, qui saura montrer, le moment venu, qu’il ne souhaite plus être porté. Il en va de même pour le cododo : il appartient aux parents responsables de proposer une alternative au lit parental à l’enfant qui grandit, en tenant compte de ses capacités motrices et de ses goûts. Le langage des signes se substitue progressivement à la parole.

On le voit, le maternage proximal va bien au-delà des gestes tendres et de l’attention non-stop donnés lors des premiers mois de vie de l’enfant. Cette philosophie de vie implique d’être pleinement conscient du développement émotionnel de l’enfant et de veiller à lui apporter du bien-être émotionnel. Cela implique aussi de faciliter son autonomie, de le soutenir en toutes circonstances, et de l’accompagner dans son cheminement pour apprendre à résoudre par lui-même les problèmes et difficultés rencontrés.

Il implique aussi de garder son calme lors des situations difficiles, de ne pas utiliser des VEO (Violences Éducatives Ordinaires – le listing des VEO), d’accompagner au mieux son enfant avec ses propres émotions, de pratiquer l’écoute active, d’encourager au lieu de complimenter, etc.

Quand le maternage fait défaut

Le sentiment de maternage n’est pas présent chez toutes les mères. Beaucoup sont submergées par les hormones et les émotions, elles paniquent, s’épuisent vite. D’autres encore sont indifférentes, ou bien dans le rejet, et peuvent aller jusqu’à violenter le nouveau-né. Chez certaines, le sentiment maternel va naître petit à petit, chez d’autres il ne se développera jamais. Le plus souvent, le fait que la femme ait été elle-même maternée ou non par sa propre mère est déterminant.

Le soutien du père aide grandement la jeune maman. Elle se sent moins seule face à l’épreuve, moins anxieuse. Les risques de dépression sont ainsi diminués. Les parents forment une véritable cellule familiale autour du tout-petit.

Tout bon maternage inclue une transition lente et progressive vers l’apprentissage de l’autonomie, en respectant le rythme, les demandes et les besoins de l’enfant, et au mépris du conditionnement sociétal.

Pour ceux qui ne connaissaient pas le maternage proximal à la naissance de leur enfant : pas de panique, il n’est jamais trop tard pour commencer.


Cette nouvelle catégorie « Devenir parents sereinement » est à l’initiative d’Anne-Catherine, afin d’informer les parents en devenir souhaitant accompagner leurs enfants respectueusement.


Illustration par : @amphigary (instagram) / @amphigary (facebook) / amphigary@icloud.com


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2 réponses sur “Le maternage proximal”

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