L’enfant-Roi, le BABI et le TOP : des termes utilisés par les Français pour désigner des enfants aux comportements dérangeants. Pourtant, ces mots reportent directement la faute d’un malaise sur l’Enfant, quand bien souvent le problème vient de plus haut. En Suède, lorsqu’un enfant a un comportement qui gène le reste du groupe, on cherche à comprendre, et surtout on agit ensuite en améliorant l’environnement et l’accompagnement qu’on lui offre. Alors qu’en France : on punit ou on isole l’enfant… cherchez l’erreur.
Explorons ces trois désignations qui, imprégnées d’adultisme, contribuent à la perpétuation de mythes et de stéréotypes, tout en exacerbant les violences infligées aux enfants.
1) L’Enfant-roi : un mythe oppressif
Combien de fois avons-nous entendu parler de l’enfant roi, de l’enfant tyran ou de l’enfant mal intentionné ? En réalité, si l’on dézoome un peu, et que l’on se concentre sur nos amis Suédois, alors on se rend compte que ce terme n’existe pas. En Suède, comme l’explique Marion Cuerq dans cette vidéo ‘De l’enfant-roi à l’Enfant en moi‘ : “l’enfant-roi” c’est l’enfant du roi (littéralement). En France, ce terme désigne un enfant qui prendrait le dessus sur ses parents, et cela sous entend souvent que s’il n’est pas assez sage, c’est qu’il n’a pas été assez disputé.
Il est essentiel de se rappeler que les enfants ne naissent pas avec une intention malveillante de défier l’autorité. Ils sont en pleine découverte du monde qui les entoure et apprennent par l’expérience. Plutôt que de les étiqueter comme des petits êtres maléfiques et malintentionnés, nous devrions chercher à comprendre leurs besoins et leurs émotions, à cesser de menacer d’une posture d’autorité qui fait peur pour plutôt établir un dialogue respectueux et ainsi à favoriser une éducation non violente.
Le Mythe de l’Enfant Roi : L’Éducation bienveillante en France
La Crainte ne sauvera pas nos enfants
Lorsque l’on devient parent, on se pose souvent mille et une questions sur la meilleure manière d’éduquer nos enfants. Une question à laquelle Marion Cuerq, intervenante dans le domaine de l’éducation, a consacré une conférence passionnante.
La Leçon de Suède : “Les Enfants-rois ?”
Marion commence par nous raconter son expérience personnelle dans le domaine de l’éducation. À 17 ans, elle travaillait dans un centre de loisirs et on lui avait dit que “la crainte” était la clé pour obtenir l’obéissance des enfants. Deux ans plus tard, en Suède, elle a découvert une réalité bien différente. La Suède est pionnière en matière d’interdiction des châtiments corporels et des humiliations envers les enfants depuis plus de 40 ans. Ici, la crainte n’était pas le maître-mot de l’éducation.
Le choc des cultures éducatives
Une enseignante suédoise résume la situation de manière surprenante lorsque Marion lui parle des “enfants rois” en France : “Les enfants rois ? Ah, tu veux parler de Victoria, notre princesse suédoise enceinte ?” Elle ne comprenait pas de quoi Marion parlait, car en Suède, cette notion n’existait pas.
L’éducation bienveillante : un autre regard sur l’éducation
Marion nous amène ensuite à réfléchir sur l’éducation bienveillante en France. L’éducation bienveillante, c’est une nouvelle tendance éducative qui prône le respect des enfants. Mais pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi a-t-on besoin de parler de bienveillance envers nos propres enfants ?
Alice Miller et les Conséquences des Violences Éducatives
Alice Miller a été l’une des premières à dénoncer les conséquences des violences éducatives. Dans son livre “C’est pour ton bien”, elle met en lumière l’impact de ces violences sur les individus et sur la société tout entière. Marion nous rappelle une citation majeure de Miller : “On n’humilie jamais un enfant pour son bien, on l’humilie uniquement parce que nous-mêmes, enfants, avons été humiliés et que nous avons refoulé combien nous avons souffert.”
L’Éducation bienveillante : un changement de paradigme
Alors, pourquoi persistons-nous à perpétuer ces méthodes éducatives ? Pourquoi réagissons-nous souvent avec colère lorsque nos enfants expriment leurs émotions ? Marion nous explique que ces sentiments de colère, d’injustice, de tristesse sont enfouis en nous depuis notre propre enfance. Nous nous protégeons en accusant nos enfants, en pensant qu’ils méritent d’être punis.
La France avance : abolition du “Droit de correction”
En juillet 2019, la France a finalement aboli le “droit de correction”. Il s’agit d’une avancée majeure qui place notre pays parmi les 56 pays du monde à avoir interdit les châtiments corporels envers les enfants. Enfin, on offre à nos enfants l’ignorance des mécanismes de la violence envers ceux qu’ils aiment.
L’Éducation bienveillante : un rêve réalisable
Aujourd’hui, nous savons que les cris, les coups, les punitions et les humiliations sont nocifs pour nos enfants. Il est temps de réapprendre ce qui était inné en nous, de prendre soin de nos enfants, car c’est la vraie signification du mot “éducation”. Nous avons tous dit un jour : “Quand je serai grand, je ne ferai pas ça à mes enfants.” Eh bien, nous y sommes. Imaginons un futur où la France célébrera le jour où un parent ne lèvera pas la main sur son enfant. Ce sera une victoire pour nous tous.
En abolissant les violences éducatives ordinaires, nous nous engageons vers un monde moins violent, plus empathique, plus à l’écoute. C’est un rêve que nous pouvons réaliser, un pas de plus vers un monde meilleur.
2) Le BABI n’existe pas : Reconnaître les besoins de tous les bébés
Le concept de “Bébé aux Besoins Intenses” (BABI) est souvent utilisé pour décrire des bébés qui ont des besoins particulièrement élevés en termes d’attention et de soins. Cependant, il est crucial de comprendre que tous les bébés ont des besoins et peuvent s’exprimer de manière intense s’ils ne sont pas compris.
Il est inapproprié de hiérarchiser les besoins des bébés, car cela peut invisibiliser les besoins des autres bébés et créer une stigmatisation inutile. Tous les bébés ont besoin d’amour, de chaleur humaine et d’attention, et il est de notre devoir de répondre à ces besoins de manière appropriée.
S’occuper d’un bébé peut être intense et exigeant, mais cela est souvent minimisé socialement. Les parents doivent être autorisés à exprimer leurs difficultés et à demander de l’aide si nécessaire. Les professionnels de la santé doivent également être sensibles aux besoins des bébés et soutenir les parents dans leur rôle.
Chaque bébé est unique et peut avoir des préférences individuelles en matière de stimulation. Il est essentiel de respecter ces préférences et d’adapter nos réponses en conséquence.
3) Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) : Un Diagnostic Simpliste
Le Trouble Oppositionnel avec Provocation (TOP) est un diagnostic simpliste et adultiste qui ne prend pas en compte les causes sous-jacentes des comportements d’opposition chez les enfants. Ces comportements peuvent découler d’une pression excessive, d’un manque de respect envers leurs besoins, d’un environnement inadapté ou d’une rigidité mentale. Il est donc crucial de ne pas diagnostiquer un enfant comme étant “oppositionnel”, mais plutôt de chercher à comprendre les raisons derrière son comportement.
De la même manière qu’il faille écouter l’enfant pour qu’il parvienne à nous écouter à son tour : on ne peut pas imposer à l’enfant de nous respecter alors qu’on ne le respecte pas nous-même.
Un enfant qui s’oppose, c’est un enfant à qui l’on impose.
La déconstruction de l’adultisme implique de reconnaître que chaque enfant a une raison valable de s’opposer lorsqu’il se sent incompris, que ses besoins sont ignorés ou que ses limites sont franchies. En tant qu’adultes responsables, nous devons être à l’écoute de ces raisons et travailler à renforcer notre relation avec l’enfant pour favoriser son bien-être.
Il est important de noter que le processus de déconstruction de l’adultisme peut être long et difficile, en particulier pour les adultes qui ont eux-mêmes vécu des violences ou des pressions pendant leur enfance. Il est donc essentiel de prendre soin de notre enfant intérieur et de travailler sur nos propres blessures pour établir une relation basée sur la confiance et le respect mutuel avec l’enfant.
L’image négative que l’on se fait des enfants, le vocabulaire que l’on choisit pour décrire une situation, contribuent à perdurer l’utilisation des violences faites aux enfants. Nos mots alimentent nos idées politiques.
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