Les limites des accouchements modernisés (ou médicalisés)

Le mal existe mais n’est pas inné. Il est créé par la société, quotidiennement, à chaque heure, sans interruption, dans le monde entier. Cela s’opère tant à travers les méthodes d’accouchement qu’à travers l’éducation des petits enfants.

Alice Miller

Répercussions du système sur la santé humaine

Il est aujourd’hui clairement prouvé que les perturbations techniques lors de l’accouchement, ainsi que les pratiques postnatales irrespectueuses de l’enfant, peuvent avoir des répercussions graves sur le lien mère-enfant, ainsi que sur la santé de l’enfant et du futur adulte, et donner lieu à de nombreux troubles. Par exemple, lorsque les parents jugent un enfant insupportable : c’est simplement qu’il exprime son mal-être à sa façon, et il est très fréquent que ce mal-être remonte aussi loin que la naissance. En effet, un enfant traumatisé dès la naissance va développer des symptômes plus ou moins lourds, qui rendront l’amour de ses parents plus difficile à obtenir, par le poids de la gestion de ces troubles au quotidien (difficultés d’endormissement, troubles du  sommeil et de l’alimentation, syndrome d’abandon, manque de confiance en soi, etc).

Conditionnement

Or en France, tout un conditionnement médical et sociétal nous impose de « faire comme ça ». Des étrangers prennent le contrôle de notre grossesse, de la naissance puis du bébé. Tout est organisé de telle manière que le stress accompagne la femme enceinte, au mépris des lois naturelles du corps humain, et au-delà, des mammifères.

Un des rôles de la technicisation de l’accouchement est de fournir une échappatoire aux angoisses des futures mères : au-delà des multiples questionnements liés au fait de devenir parent, l’accouchement en lui-même provoque la peur de la douleur, et fait ressurgir de terribles angoisses inconscientes liés à la naissance de la mère elle-même. Les troubles répétés durant la vie intra utérine et les 1ers mois de vie donnent lieu aux nombreux troubles que l’on connaît aujourd’hui : difficultés de concentration avec agitation et hyperactivité (ADHD), anxiété, agressivité, conduites déraisonnables et/ou antisociales, addictions, troubles de la personnalité, dépression grave, idées suicidaires, etc.

Le problème des consultations prénatales

Tout comme le bébé doit crier à la naissance, la femme doit souffrir à l’accouchement … et la maternité doit être rentable. Alors, on fait peu de cas des répercussions émotionnelles, et on applique un planning médical bien rôdé, basé avant tout sur la rapidité et l’efficacité. La femme accoucheuse se voit imposer un protocole de soins, ainsi que le futur bébé.

Et cela commence dès les consultations prénatales. La maman se retrouve prise dans un engrenage stressant où les réponses lui sont apportées comme une évidence. Le corps médical sait mieux qu’elle, qui est pourtant la mère. Tout est ancré dans les habitudes, et il est bien difficile de faire évoluer les esprits – même si le bien-être, et donc l’avenir, de l’espèce humaine est en jeu.

Évoquons par exemple, le rôle du placenta, très négligé dans la culture française de l’accouchement. Le placenta sert à fluidifier le sang de la mère avant qu’il arrive au fœtus. Il sert également à apporter le sucre dont le fœtus a besoin. Le « diabète gestationnel » n’est donc rien d’autre qu’un signe de l’activité placentaire. Néanmoins, le mot lui-même de diabète sème trouble et angoisse chez la mère, provoquant ainsi un stress qui rebondit sur le fœtus. Il a été prouvé par ailleurs, lors de diverses études scientifiques, que le fameux test de décèlement de diabète gestationnel ne change en rien la suite des grossesses et les statistiques. Il est donc un énième stress inutile infligé à la mère et son enfant.

Un autre signe d’activité placentaire importante, qui ne préjudice en rien la poursuite de la grossesse, est l’augmentation isolée de la pression artérielle. Lorsqu’elle est détectée durant les consultations prénatales, la mère est alarmée, et se voit souvent imposer un traitement médicamenteux « adapté » – ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle forme d’intrusion artificielle et de stress dans la vie de la mère et du bébé, pour un problème qui à la base n’en est pas un, mais est bien une réponse physiologique normale du corps à l’évolution de la grossesse.

Tous ces petits moments stressants des consultations prénatales, où le praticien vient angoisser la future mère pour X ou X raison, relèvent de ce que l’on appelle l’effet « nocebo ».

Le stress en salles d’accouchement

Les études scientifiques montrent clairement que l’état émotionnel de la mère durant la grossesse et l’accouchement influe à long terme sur la santé du bébé, bien plus que l’état émotionnel de la mère durant la première année de vie de l’enfant. Or, nombreux sont les éléments dans les salles d’accouchement classiques qui participent à installer un climat favorisant le stress.

femme debout dans salle accouchement

Manque d’intimité

L’accouchement est peut-être le moment le plus intime de la vie d’une femme. Or, dans nos maternités occidentales, combien de personnes étrangères y assistent, dégradant ainsi l’image de la mère, la privant de cette rencontre privilégiée avec un nouvel être qu’elle a conçu et mis au monde, lui mettant une pression monstrueuse, la plaçant dans une situation de vulnérabilité extrême, alors qu’elle est déjà sous l’emprise des angoisses liées à sa propre naissance.

Inhibition des hormones naturelles

D’autre part, l’environnement global qui enferme les accouchements modernes n’est pas propice à la diffusion d’hormones naturelles liées à cet évènement. L’heure est de plus en plus à la supplémentation en hormones artificielles, mais elles ne remplissent pas leurs fonctions au même degré que les hormones naturelles. Citons par exemple, la péridurale : en stoppant le ressenti de la douleur, elle bloque la sécrétion d’endorphines, et rien ne vient les remplacer. Or, les endorphines sont chargées d’opiacées qui participent au déploiement de l’ocytocine, au bien-être de la mère et de l’enfant, et à la construction de leur lien d’attachement, par l’effet de dépendance. N’y aurait-il y pas là une ébauche d’explication pour la dépersonnalisation et la violence croissantes de nos sociétés dites « civilisées » ?

Sur-stimulation du néo-cortex

Le néo-cortex est stimulé par la mise en scène de l’accouchement dans les maternités modernes. Or, le néocortex quand il est actif freine les structures archaïques du cerveau, pourtant responsables, entre autres, de la diffusion d’hormones nécessaires au bon déroulement des contractions utérines. L’absence de contractions a de fortes chances de provoquer des complications plus ou moins graves, allant des difficultés d’expulsion du placenta à des hémorragies inquiétantes.

D’autre part, les tensions musculaires créent de la douleur. Or, tout est fait autour de la mère pour qu’elle ait peur. La peur crée la contraction musculaire, la contraction musculaire crée la douleur. Le corps, sous l’effet de la peur, sécrète de l’adrénaline, qui entre en conflit avec l’ocytocine et inhibe ainsi sa sécrétion. C’est un fait avéré chez les mères ayant subi une césarienne : elles présentent un taux d’ocytocine et une pulsatilité moindre que les mères ayant accouché par voies naturelles. Cela agit également sur la libération et l’effet de la prolactine, et donc sur le degré d’amour que va recevoir le bébé.

La douleur de l’accouchement ne viendrait-elle pas tout simplement de là ? est-ce qu’une parturiente parfaitement détendue accoucherait sans douleur aucune ? on imagine alors avec envie et fascination l’état extatique du bébé à la naissance.

Le monitoring

S’il permet de déceler des souffrances fœtales, il ne devrait pas être utilisé de manière systématique, ni sur la durée : il est lui-même une cause de souffrance fœtale. La réaction in utéro des bébés en est la preuve (ils cessent de bouger et de répondre aux stimuli types caresses maternelles).

Les odeurs médicales

Généralement très fortes, elles perturbent le nouveau-né qui a la chance de ne pas être séparé de sa mère à la naissance. Son odorat étant très sensible, il aura du mal, si personne ne veille à éliminer ces odeurs médicales, à trouver seul et naturellement le mamelon.

Les mauvais traitements infligés lors de l’accouchement restent dans le cerveau de l’enfant la vie durant, et peuvent avoir des impacts plus ou moins graves selon le traitement dont bénéficie l’individu après sa naissance. Un enfant qui aura trop goûté à la technique et aux machines, aura besoin qu’on le prenne au plus vite dans les bras, et le plus souvent possible. Il faut remplacer la froideur des machines par la chaleur humaine.

« Cet être humain a appris dès le départ qu’il se trouvait en péril et a ressenti que personne ne se souciait de ses souffrances » – Alice Miller.

Cela cependant peut être aisément évité si tout le monde reconnait dans son entourage qu’il est un être sensible, hypersensible même, bien qu’il soit nouveau-né. Il faut se débarrasser des croyances ancestrales et oh combien incroyables que le nouveau-né ne ressent rien.

Il existe en outre de multiples moyens de restaurer le lien endommagé par un accouchement plus ou moins violent : le peau-à-peau, les regards, les câlins, les paroles douces et les chants, etc. C’est ce que l’on appelle le maternage proximal.


Cette nouvelle catégorie « Devenir parents sereinement » est à l’initiative d’Anne-Catherine.


Illustration par : @amphigary (instagram) / @amphigary (facebook) / amphigary@icloud.com


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