Allaitement : La désinformation

Allaitement ou biberon ? Lorsque l’on se pose la question, pendant la grossesse, avant de concevoir, ou à n’importe quel moment de notre vie, en plus d’être confrontés à nos idées préconçues, nous tombons sur un grand nombre d’informations contradictoires. Que ce soit de la part de professionnels de santé, de notre famille, sur internet, et même dans les livres. Difficile de savoir où donner de la tête. Pourquoi allaiter semble si compliqué ?

Une société biberon

Depuis notre plus jeune âge, nous grandissons dans une société où le bébé est assimilé au biberon et à la tétine. Dans les livres d’histoire pour enfants, les poupons, les publicités, nous avons, pour la plupart d’entre nous, évolués dans un monde où la norme alimentaire du tout-petit était ailleurs de la norme biologique. Même dans les fermes, certains enfants n’ont jamais vu de veau téter mais auront pu donner le biberon à des chevreaux. Nous avons donc, plus ou moins consciemment, intégré que c’était normal. C’est ainsi que l’allaitement est diabolisé et peut être perçu comme quelque chose de sale et de malsain. Rejeter quelque chose qu’on ne connaît pas n’est pas un comportement rare, l’alimentation humaine n’est pas une exception dans le domaine. De fil en aiguilles, les peurs se transforment, laissent place à des mythes, qui eux aussi sèmeront doutes et peurs chez la jeune mère. Même les plus averties d’entre nous ont parfois pensé que donner le biberon serait plus simple ; ou qu’elles manquaient de lait. La promotion des laits industriels, autrefois utilisés uniquement dans les cas où la mère ne pouvait réellement pas donner le sein à laisser entendre à bon nombre de femmes qu’elles n’étaient pas capable. Petit à petit, non seulement, elles ont inconsciemment assimilé qu’un bébé doit être nourri au biberon mais elles ont également perdu confiance en leur capacités naturelles à allaiter.

Érotisation de la poitrine

La poitrine est nourricière, elle n’est pas sexuelle. Celle des hommes et des femmes sont constitués de la même façon. Si les tétons peuvent être une zone érogène pour une femme, ils peuvent l’être également pour son conjoint. Ce n’est pas une exclusivité féminine ! Les seins sont mis en avant, depuis des siècles, comme objet du désir masculin. Ils sont réduits à un aspect purement sexuel mettant de côté, voire niant complètement, leur fonction première : nourrir un enfant. Quand ils ne sont pas outrageusement diabolisés. De ces croyances et de ces visions naissent des mythes parfois absurdes qui, pourtant, continuent à se perpétrer au fil des années. Ainsi, des femmes renoncent à l’allaitement assimilant une mise au sein à un inceste ou parce qu’elles ne veulent pas exposer leur poitrine. Nous avons même vu, sur les réseaux sociaux par exemple, des appels à la violence envers les femmes qui allaitent. De cette façon, nous pouvons lire parfois que dans certaines coutumes avoir des rapports sexuels durant l’allaitement pourrait nuire au bébé ou qu’un garçon qui tète après 6 mois sera obsédé ou homosexuel, au choix.

Allaitement et féminisme : Liberté ou asservissement ?

Sur ce point, les opinions divergent. Si certaines personnes voient l’allaitement comme une puissance féminine, d’autres ne le voient que comme une asservissement supplémentaire. Nous sommes aujourd’hui capables de nourrir nos enfants autrement, pourquoi donc ne pas partager les tâches équitablement ? Dans cette vision, nous voyons également, souvent, l’allaitement comme un frein à la reprise du travail. Que les femmes puissent avoir un emploi, hors de la maison, et sans l’autorisation de leur mari, a été une grande révolution. Aujourd’hui encore, certains courants féministes (pas tous ! ) tendent à penser que vouloir materner son enfant, l’allaiter, et pire, faire le choix de rester à la maison pour s’occuper de sa famille est un retour en arrière inquiétant. Le fruit d’un conditionnement patriarcal. Bien que l’allaitement n’empêche pas la reprise du travail, bien qu’il n’empêche pas non plus de laisser son enfant à garder pour profiter d’une après-midi détente ou d’un soin médical, le lait artificiel a été et reste le symbole de la libération. Dans cette guerre contre l’allaitement maternel, la diffusion correcte des informations a une fois de plus été mise à mal.

Alors, où trouver des informations sur l’allaitement ?

S’il est, d’un point de vue biologique, naturel, et le plus adapté aux besoins de l’enfant, tous les points évoqués au dessus ont contribué à rendre l’information difficilement accessible. Avant, nos mères, nos tantes, nos voisines allaitaient. Nous pouvions voir les choses se faire. Nous pouvions facilement poser les questions. Alors, désormais, à qui les poser ?

Auprès des professionnels de santé ?

Malheureusement, la lactation humaine n’est pas systématiquement abordée durant les nombreuses années d’études de professionnels de santé. On voit qu’un gynécologue, une sage-femme ou une pédiatre auront parole d’évangile auprès de jeunes parents, inquiets, en quête de réponses. Pourtant, l’allaitement n’est pas leur domaine de compétence. Ce n’est pas dans ce but qu’ils ont été formés. Si certains sont plus informés que d’autres, cela relève de l’accompagnement reçu, notamment lors des immersions professionnelles ou de formations autres (ex : le DIULHAM, Diplôme Inter-Universitaire de Lactation Humaine et Allaitement maternel). Les seules professionnelles de l’allaitement sont les consultantes en lactation IBCLC.

IBCLC, qu’est-ce que c’est ? 

Le titre de consultante en lactation n’est pas protégé. Ce qui signifie qu’à peu près n’importe qui peut se prétendre l’être. C’est pourquoi, il vaut mieux se diriger vers une personne certifiée IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant). Il s’agit de la seule certification reconnue dans ce milieu de manière internationale. Les consultantes IBCLC doivent répondre à des pré-réquis, notamment un nombre important d’heures d’accompagnement. Ensuite, elles suivent une formation initiale approfondie et passent des examens. Tous les cinq ans, elles doivent mettre à jour leurs connaissance en formation continue. Tous les dix ans, elles doivent repasser l’examen. Les consultantes en lactation IBCLC s’engagent à respecter un code déontologique, à promouvoir l’allaitement maternel mais aussi accompagner les familles en respectant leurs projets quels qu’ils soient. Afin de trouver une professionelle de l’allaitement vers chez vous, vous pouvez consulter l’annuaire disponible sur le site consultants-lactation.org.

Les associations

Pour trouver du soutien, il existe également des associations mondiales, nationales ou régionales. Si certaines sont renommées, comme La Leche League, qui reste la plus grande sur le sujet, d’autres diffusent aussi des informations plus problématiques. La popularité n’égale pas forcément la qualité de l’accompagnement proposé. Attention donc à celles que vous contacterez.

Les livres

Pour l’information théorique, les livres peuvent se révéler être de vraies mines d’or. Idéal pour entrer dans le vif du sujet, connaître les grandes idées, les soucis principaux qu’on peut rencontrer. Cependant, rien ne vaudra le contact avec un professionnel en cas de problème.

En bref

L’allaitement maternel est naturel, mais la désinformation causée par de nombreux facteurs mettent les parents en difficultés. De nombreux mythes et idées reçues circulent et diabolisent l’allaitement ce qui poussent les familles au choix du biberon ou à ne pas savoir trouver l’information correcte perdue dans ce flot d’inepties. Si le premier réflexe est de vous tourner vers la personne qui suit votre bébé ou vous a suivie durant la grossesse, ce n’est pas forcément le meilleur. Il est préférable de contacter une consultante en lactation IBCLC.


A l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement, Vivre en famille ouvre cette nouvelle catégorie “allaitement” et accueille Chloé Degrand qui nous partage une série de 6 articles lactés. Rendez-vous chaque matin à 6h sur vivreenfamille.org et bonne semaine de l’allaitement à tou.te.s !


Texte de : Chloé Degrand, autrice du double projet littéraire “ALLAITER”, retrouvez-la sur facebook, ainsi qu’instagram.



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