Allaitement : L’offre et la demande

On entend, de part et d’autre, un certain nombre de conseils. Comme nous l’avons vu ici dans l’article Allaitement : La désinformation, ceux-ci peuvent être plus ou moins avisés et nous faisons face à beaucoup de croyances, même de la part des professionnels de santé ou de la petite enfance. Pour bien se lancer dans l’aventure, comprendre comment la lactation se met en place vous donnera quelques clés pour un bon démarrage et des mois lactés tout en douceur. Alors, l’allaitement au fond, comment ça fonctionne ? S’il ne devait y avoir qu’une seule « règle » à suivre, quelle serait-elle ? Pour répondre à ces questions, nous devons dans un premier temps expliquer la façon dont la lactation se met en place, mettre en lumière ce qu’il se passe dans notre corps. Ensuite, naturellement, les conseils applicables viendront concrètement compléter ces propos pour un bon maintien.

Comment le sein est-il exactement composé ?

A l’extérieur, on aperçoit l’aréole, avec le mamelon et les glandes de Montgoméry. A l’intérieur, on trouve notamment des canaux lactifères reliant les alvéoles au mamelon. Ces alvéoles, ou glandes mammaires, sont responsables de la production de lait. Ensuite, de nombreuses hormones entreront en jeu pour que ce lait puisse s’écouler. Parmi ces hormones, il y a la prolactine fait sécréter du lait dans les alvéoles, et donc permet la production, mais aussi l’ocytocine qui les fera se contracter et permettra donc l’éjection du lait.

Quand votre bébé tète, le contact de sa bouche, une succion efficace, permettront de vider le sein. De cette façon, votre cerveau comprend qu’il y a un humain à nourrir et, au fil des semaines, la production s’adaptera aux besoins de votre enfant.

Ces informations viennent donc démonter quelques points essentiels que nous retrouvons souvent de la part de mères allaitantes. En effet, on ne peut pas manquer de lait sans raison, les seins souples ne signifient pas qu’il n’y a pas de lait. Commençons par ce dernier point avant d’expliciter plus en détails le premier.

On lit régulièrement sur les réseaux sociaux des publications à propos de la lactation autocrine. Elle est généralement décrite comme cette période de l’allaitement où le fonctionnement de notre lactation changerait. Le passage en autocrine aurait pour conséquence une baisse de lactation et une poitrine beaucoup plus souple. En fait, comprendre le fonctionnement de la lactation nous permet d’affirmer que ce passage n’existe pas réellement. En effet, la lactation fonctionne de la même façon du début de l’allaitement à la fin. Seulement, au début, les seins vont produire plus pour satisfaire tous les besoins du nouveau-né. C’est ensuite, au fil des jours et des semaines, que la production va s’adapter à sa consommation en « évaluant », en quelque sorte, à quel point le sein a été vidé. Par moments, les tétées se feront plus rapprochées, ce qui permet d’envoyer le message au cerveau d’augmenter la production. Cela ne signifie pas que vous manquez de lait, cela signifie tout simplement que votre corps est une machine fantastique. Lui, ou plutôt vous, et votre bébé, savez parfaitement comment tout doit fonctionner. Pour cela, même si certaines difficultés se glissent parfois, il suffit souvent simplement d’apprendre à être à l’écoute.

Par conséquence, puisque la lactation s’adapte grâce à votre bébé, il n’est pas possible de manquer de lait sans raison. Néanmoins, pour que le message soit correctement transmis au cerveau, il est nécessaire que la succion soit efficace. Sans ça, le sein risque de ne pas être suffisamment drainé et la production pourrait en pâtir au fil des semaines. Qui dit succion efficace dit drainage correct.

Cependant, ce n’est pas la seule condition pour une bonne mise en place. En toute logique, pour que la lactation s’adapte correctement aux besoins du bébé, il est nécessaire de le laisser aller au sein comme il le désire. Souvenez-vous, c’est lui qui gère les tétées. C’est lui qui pourra indiquer à votre corps la quantité dont il a besoin. Je sais qu’on nous éloigne beaucoup de ces instincts au point que ça puisse sembler compliqué mais… il sait, il sent, il s’écoute, il demande, alors… écoutez-le ! Lui seul sait s’il a besoin de téter, de boire, de se nourrir, de se rassurer. Peu importe à quel point vous connaissez votre enfant. Peu importe à quel point vous connaissent vos parents ou votre partenaire, vous seul.e savez quand vous ressentez le besoin de boire ou de vous nourrir, n’est-ce pas ? 

En conclusion

La production de lait s’adapte à la demande du bébé. Pour que cela se fasse au mieux, deux conditions doivent être réunies : une succion efficace mais aussi un allaitement à la demande. Les premiers temps, on parlera même d’allaitement aux signes d’éveil. Hormis quelques rares troubles (notamment hormonaux), le non-respect de ces principes est la principale cause d’arrêt précoce et non-désiré par les parents. En effet, combien d’entre nous ont entendu qu’il fallait attendre trois ou quatre heures entre chaque tétées ? Pour des tétées chronométrées qui ne doivent pas durer plus qu’un quart d’heure… Si cette règle est déjà discutable au biberon, elle l’est d’autant plus au sein, et pour d’autres raisons encore que celles évoquées plus haut. La tétine peut également être un frein important. Si vous envisagez de la donner, comme nombreux parents en France, sachez que vous vous exposez au double risque de confusion (mauvaise succion) et de saut de tétées (lorsqu’il tète l’objet, il ne tète pas le sein et donc ne stimule pas la lactation). Un allaitement avec une tétine ne peut pas être un allaitement à la demande. 

Pour une bonne lactation, l’allaitement, c’est à la demande, quand bébé veut et aussi longtemps qu’il veut. Même si des fois ça peut sembler long, ça ne dure qu’un temps. Rappelez-vous que les tétées ne sont pas que nutritives. En plus de tout ce qu’on rappelle sur la satisfaction du besoin de réassurance par la tétée, elles permettent à votre bébé de recevoir la quantité de lait dont il a besoin.

Si ça peut sembler difficile en tant que parent, notamment pendant les pics de croissance, pensez à vous entourer pour obtenir du relais sur tout le reste (courses, ménage, etc), du soutien moral ou encore un avis professionnel (pour rappel, les seules professionnelles de l’allaitement sont les consultantes en lactation IBCLC).


Texte de : Chloé Degrand, autrice des livres Allaiter : Pour un allaitement serein et Paroles de parents, retrouvez-la sur facebook, ainsi qu’instagram.


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