Les programmes scolaires se font et se défont sans cesse. Malheureusement, une donnée n’est presque jamais prise en considération : le plaisir d’apprendre. Les écoles classiques perpétuent cette tradition vieillissante qui consiste à calquer les acquis sur une idéologie utopique. Elles ignorent volontairement les faits scientifiques et physiologiques de l’enfant. C’est là que les pédagogies dites alternatives interviennent. Et parmi celles-ci, la pédagogie Steiner-Waldorf. Décriée par certains et plébiscitée par d’autres, ce qui est sûr, c’est qu’elle ne laisse personne indifférent. Cette conception de l’éducation novatrice met en exergue le triptyque : cœur, esprit et corps. Pour Rudolph Steiner, pas d’apprentissage des savoirs sans intérêt, pas d’intellectualisation sans manipulation concrète. Jusque-là, tout va bien. Là où les avis divergent, c’est lorsque le célèbre pédagogue révèle utiliser l’éducation à des fins bien précises. Il rêve d’une société sprituelle détachée de tout matérialisme et basée sur les principes de l’antroposophisme dont il est le fondateur. Pour vous forger votre propre opinion, voici les grands traits de la pédagogie Steiner-Waldorf.
Rudolph Steiner, pédagogue et philosophe
Rudolph Steiner est né dans l’empire Austro-hongrois (l’actuelle Croatie) en 1861. Il quitte le pays et rejoint Vienne pour étudier. Issu d’un milieu modeste, il occupe un poste de précepteur pour financer ses études supérieures. Il adore flâner dans les cafés littéraires et se passionne pour Goethe. Il s’en inspirera pour écrire sa thèse de philosophie à Weimar. D’abord membre de la société théosophique, il la quitte pour fonder, en Suisse, la société antroposophique, un courant ésotérique. Cette doctrine mystique affirme qu’il existe un monde supra-sensible, résidence des pensées, des idées et des concepts. Elle vise à mettre en relation l’humain, le monde et le cosmos sur un plan physique et spirituel. Pour Rudolph Steiner, tous les êtres humains ont des facultés cachées, en sommeil, qu’ils doivent revivifier pour accéder à ce monde invisible. Pour y parvenir, ils doivent se détacher du matériel et revenir à la nature dans ce qu’elle a de plus saine. Une sorte d’apologie du minimalisme et de l’ascétisme.
Il anime de nombreuses conférences, notamment dans l’usine de cigarettes Waldort-Astoria en Allemagne. En 1919, à Stuttgart, il ouvre la première « Libre école Waldorf » laïque et non-élitiste, pour les enfants d’ouvriers. Bien sûr, il y met en pratique les fondements de son idéologie. Le modèle sera étendu à toute l’Allemagne, puis en Europe et dans le monde entier.
Aujourd’hui, ce dogme appliqué au sein d’une école inquiète. Le fait d’inculquer des concepts métaphysiques dès le plus jeune âge entre en contradiction avec les lois de la laïcité. On craint également le repli communautaire. L’eurythmie et les chants oniriques préoccupent la Miviludes qui met en garde contre de possibles dérives sectaires.
Ceci étant dit, nous ne pouvons pas ignorer le fait que les écoles Waldorf-Steiner donnent de très bons résultats. C’est pourquoi, plusieurs de ces établissements sont sous contrat d’association avec l’État. En effet, celles-ci appliquent la méthode sans y inclure les préceptes religieux.
Le cycle des 7 ans
Un seul établissement scolaire regroupe tous les niveaux, de la maternelle au lycée. Les écoliers ne subissent donc pas la transition brutale entre l’école élémentaire et le secondaire. Le cursus scolaire se décompose en 3 phases de 7 ans. Chaque cycle est pris en charge par un seul professeur. Donc, au sein d’une même classe, on trouve des élèves de niveaux différents. Cela permet à l’instituteur de connaître parfaitement ses élèves et leur évolution.
Les jardins d’enfants, de 0 à 7 ans
Avant l’âge de 7 ans, vous trouverez peu de livres dans une classe de premier cycle. On privilégie les activités manuelles, les jeux, les histoires, les chants et la danse avec une alternance équilibrée entre amusement et concentration. Les matériaux sont naturels et volontairement dépersonnalisés. Par exemple, on peut trouver une poupée en laine sans visage. Ce sera à l’enfant de le façonner pour se l’approprier. On insiste également sur les initiations par imitation et l’apprentissage de deux langues vivantes dès la classe préparatoire.
De 7 à 14 ans
Les élèves commencent à appliquer la théorie dans le réel. En fin de cycle, ils effectuent un stage en milieu agricole et font des échanges avec d’autres classes Steiner à travers le monde. L’année suivante, le stage est réalisé en milieu industriel et social.
De 14 à 21 ans, place au chef d’oeuvre
C’est la période où ces adultes en devenir entrent dans le monde des idées. Ils s’habituent à combiner leur créativité aux exigences de la société. Les étudiants ont toute une année pour plancher sur un travail artistique, manuel, littéraire, scientifique, technique ou social. Le projet abouti répond au doux nom de chef d’œuvre. Il est composé d’une production écrite et d’une réalisation pratique. L’ensemble est présenté à l’oral devant les parents, les invités et l’ensemble de l’école. Cette activité sert à observer le chemin parcouru, les obstacles rencontrés et les solutions mises en œuvre.
Une éducation par le beau
La pédagogie Steiner accorde une place importante aux arts. La créativité n’est pas une matière ludique et facultative. L’enfant doit pouvoir exprimer sa singularité à travers des créations artistiques. D’autant plus qu’elles développent la motricité fine et la coordination œil-main. Les activités sont unisexes. Les garçons s’adonnent au tricot quand les filles s’essaient à la menuiserie. Les expériences sensorielles favorisent l’ancrage des enseignements. Elles permettent également d’affiner l’observation lors d’apprentissages transdisciplinaires.
Un cours de biologie peut très bien se transformer en une leçon de modelage en argile. Par exemple, pour reproduire un crâne, au lieu de se contenter d’un banal schéma, les petits sculpteurs en herbe décortiquent chaque élément pour le reproduire à l’identique. Au premier coup d’œil, nous avons du mal à observer les particularités. Or, lorsque la main se laisse aller à l’expérimentation, l’esprit finit par s’éveiller aux petits détails. L’ambiance est calme et sereine. Les toiles s’habillent d’aquarelles aux teintes pastelles et douces. Les histoires racontées dépeignent une réalité sans violence. Les sons sont harmonieux et les élèves s’exercent à l’art du mouvement. La classe évolue dans le respect de la nature et au rythme des saisons.
Comme vous le voyez, il est très simple de mettre en pratique les principes de la pédagogie Steiner à la maison. Elle ne nécessite pas un gros investissement puisque c’est avant tout une façon de vivre au quotidien. Laissez-vous guider par vos enfants, ils vous étonneront.
Illustrations par : @amphigary (instagram) / @amphigary (facebook) / amphigary@icloud.com
Ce site vous est utile ?
Comment nous aider :
▶ Partagez nos articles à votre entourage
▶ Soutenez-nous en faisant un don via PayPal.
▶ Retrouvez @vivreenfamille sur facebook, instagram et twitter !
▶ Découvrez nos playlists sur youtube
3 réponses sur “Steiner-Waldorf, une pédagogie axée sur l’art et la spiritualité”