Une légende raconte que le travail et l’allaitement seraient incompatibles. On rencontre parfois certaines mères qui ont décidé de sevrer leur enfant juste avant la reprise ou de ne pas allaiter du tout car leur congé maternité est trop court. En France, en 2019, sa durée est de dix semaines pour les deux premiers enfants. Il est un peu plus long à partir du troisième enfant. Le congé parental existe, mais sa rémunération freine nombre de famille à y prétendre. Pourtant, toutes les femmes allaitantes ne sont pas mères au foyer. Certaines allaitent leur enfant jusqu’au sevrage naturel -qui, rappelons-le, se situe entre 2 ans et demi et 7 ans- tout en ayant une activité professionnelle, parfois même aux horaires très intenses. Si ce n’est pas forcément chose aisée, elle n’en est pas pour autant impossible. Alors, comment font-elles ? Comment allier allaitement et travail à l’extérieur ? Comment tirer son lait et le servir au bébé ? Cet article est là pour vous apporter des pistes de réponses.
Ce que dit la loi :
Dans un premier temps, sachez que la loi est de votre côté afin de vous aider à maintenir votre allaitement à la reprise du travail. Pensez également à vous référer à la convention collective de votre entreprise, certaines peuvent ajouter des éléments protecteurs supplémentaires.
Pendant une année à compter du jour de la naissance, la salariée allaitante dispose à cet effet d’une heure par jour durant les heures de travail.
Article L 1225-30
La salariée peut allaiter son enfant dans l’établissement.
Article L 1225-31
Tout employeur employant plus de cent salariées peut être mis en demeure d’installer dans son établissement ou à proximité des locaux dédiés à l’allaitement.
Article L 1225-32
Le mode de garde :
Bien sûr, le mode de garde a son rôle à jouer dans le maintien de votre allaitement. L’idéal est, naturellement, de choisir une personne sensibilisée à l’importance de l’allaitement maternel pour garder votre enfant. Si elle le refuse, n’hésitez pas à l’informer et la rassurer : garder un bébé allaité n’est pas plus compliqué que de garder un bébé biberonné. Pour aider au dialogue, certaines consultantes en lactation IBCLC proposent des petits livrets à destination des nourrices et crèches (mais aussi de votre employeur) afin d’apporter informations et conseils. Je pense notamment à Virginie Ferrandez, consultante en lactation IBCLC qui a mis au point un dossier complet afin d’accompagner les parents dans la reprise du travail.
Quelles options s’offrent à moi ?
Lors de votre séparation, plusieurs options s’offrent à vous. Si le lieu d’accueil de votre enfant est proche de votre lieu de travail, vous pouvez aller directement lui donner le sein ou demander à la personne responsable de lui de venir vous rendre visite afin de pouvoir allaiter. Si ce n’est pas possible, il vous faudra donc tirer votre lait. L’absence de tirage pendant votre séparation risquerait d’induire une baisse de lactation. Vous pouvez faire le choix de devenir tire-allaitante exclusive ou de tirer uniquement lorsque que votre bébé est gardé en continuant de lui donner le sein dès que vous êtes réunis.
Tirer son lait :
Si vous reprenez le travail, et souhaitez continuer l’allaitement, avoir un tire-lait semble indispensable. Pour cela, vous pouvez demander une ordonnance à la maternité ou, plus tard, à votre médecin traitant, votre sage-femme ou votre gynécologue. Elle vous permettra de louer un tire-lait électrique à la pharmacie ou sur des sites comme Grandir Nature (qui adaptent leurs tarifs afin que vous n’ayez que le kit de téterelles à débourser).
Téterelles ? Double pompage ?
Afin de comprendre de quoi on parle, il me semble judicieux de faire un petit point vocabulaire.
→ Le tire-lait : Il peut être manuel ou électrique. C’est à dire qu’il peut fonctionner à la main ou automatiquement. Vous pourrez trouver des tire-lait qui se branchent sur secteur ou qui fonctionnent sur batterie. A vous de choisir ce qui vous convient le mieux.
→ Double ou simple pompage : pour la reprise du travail, un tire-lait à double pompage semble le plus adapté. Cela signifie que vous pouvez tirer aux deux seins en même temps. Tout simplement !
→ Téterelles : les téterelles sont les embouts qui sont posés sur votre sein. La taille des téterelles a son importance. En effet, si elles sont trop petites vous risqueriez de souffrir, d’avoir des crevasses. Au contraire, si elles sont trop grande, la stimulation ne sera pas idéale.
Comment s’organiser ?
Vous pouvez commencer à tirer votre lait quelques semaines avant la reprise afin de vous créer un petit stock et d’appréhender les tirages. De cette façon, vous aurez pu prendre vos marques et votre lactation pourra être boostée par cette nouvelle demande. Attention, toutefois, il est conseillé d’attendre six semaines avant de commencer les tirages. Une fois que vous aurez repris le travail, comptez environ vingt minutes de tirage si vous utilisez un tire-lait à double pompage. Commencez par régler la force d’aspiration. Augmentez jusqu’à ce que cela devienne inconfortable ensuite redescendez à votre niveau de confort. Désormais, vous pouvez débuter par une phase de stimulation quelques minutes avant de poursuivre par l’extraction. Si le flux diminue, vous pouvez répéter le même schéma : stimulation-extraction.
Je n’arrive pas à tirer.
La première chose à faire dans ce cas est de contrôler son tire-lait ainsi que la taille des téterelles. Pour se faire, il existe des schémas sur des sites comme Medela. Pour tirer, installez-vous confortablement. Attention, certaines femmes ont besoins de téterelles différentes à gauche et à droite. Tentez de ne pas vous focaliser sur le tirage. Comme on le sait, l’ocytocine joue un rôle dans l’éjection du lait. Le stress quant à lui bloque la sécrétion de cette hormone. Certaines mères se sentent aidées en pensant à leur enfant et se blottissent contre leur doudou ou regardent des photos. D’autres conseillent de cacher le contenant, avec une chaussette par exemple. Toujours dans l’idée de ne pas se focaliser sur le tirage. Afin de ne pas stresser en regardant la quantité tirée. A vous de trouver le rituel qui vous convient le mieux.
Comment conserver mon lait ?
Pour conserver votre lait, vous pouvez utiliser des petits sachets de congélation spécifiques et prévus à cet effet. Concernant les durées et conditions de conservation, je vous conseille de vous référer au tableau de La Leche League que je cite ci-dessous. Attention, le lait maternel ne se réchauffe pas au micro-ondes ! Préférez le bain marie. Vous pouvez mélanger deux tirages à condition qu’ils soient à même température, pour cela référez vous à l’heure du premier tirage concernant les délais de conservation. Attention, ces durées ne sont pas cumulables.
Si votre lait lipase il est conseillé de le faire chauffer rapidement à 60°C afin de l’éviter.
Concernant le lait frais (fraîchement tiré) :
→ 4 à 6h à température ambiante (19 à 25°C)
→ Jusqu’à 24h à 15°C
→ Jusqu’à 8 jours au réfrigérateur, entre 0 et 4°C
Si le lait a été chauffé une première fois et n’a pas été fini, vous pouvez le garder jusqu’à 48h au réfrigérateur. S’il n’est pas fini, ne le redonnez pas à boire à votre bébé.
Concernant le lait congelé :
→ Jusqu’à deux semaines dans le freezer.
→ Trois à quatre mois dans le compartiment trois étoiles d’un combiné frigo-congélateur
→ A -18°C : Plus de six mois, il est conseillé de ne pas trop les dépasser afin que les nutriments correspondent au mieux aux besoins de votre enfant, puisque la composition du lait évolue en même que grandit votre enfant.
Si vous le décongelez au réfrigérateur, vous pouvez le conserver 24h à partir de la décongélation totale du lait. S’il a été chauffé, mais non fini, il est conseillé de ne pas le redonner à boire à votre bébé.
Comment donner mon lait ?
Il existe de nombreuses façons de donner votre lait. Si tous les contenants présentent le risque d’induire une confusion, le biberon reste le pire. C’est pourquoi il est très largement préférable d’éviter de l’utiliser et de favoriser un autre contenant tel que : le DAL (dispositif d’aide à la lactation), le verre, le biberon-cuillère, la softcup/flowcup, la seringue, la pipette ou la cuillère.
En bref.
La reprise du travail est tout à fait compatible avec l’allaitement, bien qu’elle demande une organisation différente. Choisissez le tire-lait qui vous convient et la taille de téterelles adaptée. Choisissez un mode de garde compatible avec votre projet, et privilégiez des contenants autres que le biberon.
A l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement, Vivre en famille ouvre cette nouvelle catégorie “allaitement” et accueille Chloé Degrand qui nous partage une série de 6 articles lactés. Rendez-vous chaque matin à 6h sur vivreenfamille.org et bonne semaine de l’allaitement à tou.te.s !
Texte de : Chloé Degrand, autrice du double projet littéraire “ALLAITER”, retrouvez-la sur facebook, ainsi qu’instagram.
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le nourrisson doit être amené et ne doit pas séjourner sur le lieu de travail, ce qui rend les modalités d’allaitement au travail très rarement utilisée : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=210
Merci ❤️
le congé parental partiel est peu connu, pourtant c’est une bonne aide à la poursuite de l’allaitement. par ex, on travaille à 80%, on touche 80% de son salaire, une aide (environ 145€) de la CAF, et on a une journée de plus par semaine avec bébé (et avec les frais de garde et de déplacements en moins, on ne perd généralement pas beaucoup financièrement).