Autodéfense et violence : comprendre les rapports de domination
La violence ne peut pas être comprise sans tenir compte des rapports de domination qui structurent nos sociétés. Lorsqu’on parle de violence, on imagine souvent un acte brut, isolé, une action physique ou verbale qui s’exerce d’une personne à une autre. Pourtant, dans une perspective politique et sociale, la violence est bien plus qu’un simple échange de coups ou d’insultes : c’est un outil utilisé par les groupes dominants pour maintenir leur pouvoir sur les groupes dominés.
Prenons l’exemple du “racisme anti-blanc”, une expression souvent utilisée pour inverser la charge de l’oppression. Pourtant, il n’existe pas de structure de domination qui discrimine systématiquement les Blancs en tant que groupe. Le racisme n’est pas juste une question d’insultes ou de conflits interpersonnels, mais un système d’oppression qui repose sur des inégalités historiques et institutionnelles. De la même manière, la violence n’est pas symétrique : elle est exercée par ceux qui détiennent le pouvoir et s’impose à ceux qui le subissent.
Alors, que se passe-t-il lorsqu’un groupe dominé répond à cette violence ? Est-ce qu’on peut réellement parler de violence dans ce cas-là ? C’est ici qu’intervient la notion d’autodéfense. Lorsque des individus ou des collectifs s’opposent activement à une violence structurelle — qu’elle soit étatique, policière, économique ou sociale — ils ne sont pas en train d’exercer une violence en retour, mais bien d’essayer de la contenir, de la réduire, voire de la faire disparaître. C’est pourquoi on parle d’autodéfense et non d’agression.
Les mouvements antifascistes, par exemple, sont souvent qualifiés de violents lorsqu’ils empêchent des rassemblements d’extrême droite. Pourtant, leur action s’inscrit dans une logique d’autodéfense : empêcher la propagation de discours haineux, c’est chercher à limiter une violence plus grande, systémique. De même, libérer des animaux d’élevages industriels ou loger des personnes sans domicile sont des actes qui défient une violence institutionnalisée. Ces actions ne sont pas de la violence gratuite, elles sont une réponse à un système qui, lui, est fondamentalement violent.

Protéger les enfants : une forme d’autodéfense ?
Si l’on applique cette réflexion aux enfants, la question se pose différemment. Les enfants ne sont pas en situation de mener des actions militantes pour contrer la violence qu’ils subissent. Mais cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas concernés par ces rapports de force. L’oppression des enfants est une réalité bien tangible : à travers des violences banalisées, un système scolaire rigide, ou des lois et pratiques qui limitent leur autonomie et leur voix.
En tant qu’adulte, je ne peux pas dire que je subis directement la violence faite aux enfants. Mais cela ne signifie pas que je dois rester passif face à cette violence. Mon rôle est d’agir pour les protéger, de m’opposer à ces violences, pour les enfants, et parce que j’ai moi aussi déjà été une enfant. Est-ce que c’est de l’autodéfense ? D’une certaine manière, oui. Pas une autodéfense individuelle, mais une autodéfense collective. Une manière de limiter les dommages et de créer un espace plus juste pour eux.
Quand je refuse les violences, quand je défends l’écoute et le respect des besoins des enfants, je ne fais pas preuve de laxisme (btw le laxisme est aussi une violence) ou d’excès de sensibilité, comme certains aiment à le dire. Je cherche à anéantir une violence systémique, à la déconstruire. Ce n’est pas un caprice, ni une faiblesse : c’est une nécessité, une réponse à une oppression invisibilisée mais omniprésente.
On nous demande souvent de faire preuve de pédagogie et de bienveillance avec les adultes à qui on explique les violences faites aux enfants… Mais l’histoire a montré que la violence des dominants ne disparaît pas toute seule. Elle est combattue, déconstruite, défiée par ceux qui refusent de s’y soumettre. Défendre les enfants contre la violence qu’ils subissent, c’est choisir d’agir. Et agir contre une oppression, ce n’est pas être violent : c’est refuser que la violence continue.
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