Je peux toujours affirmer “all men” du coup ?
Quand on est féministe et parent d’un garçon, on se retrouve souvent confronté à des remarques du type : « Ah bon ? Donc ton fils aussi est un oppresseur ? » ou encore « Vous n’avez qu’à mieux éduquer vos garçons ! ». Ces phrases, souvent lancées pour discréditer le féminisme, révèlent en réalité une méconnaissance des dynamiques systémiques du patriarcat. Alors, remettons les choses à plat.
Le patriarcat est un système, pas une question d’individus
D’abord, il est essentiel de rappeler que le patriarcat est un système et non une somme de comportements individuels. Un garçon, même s’il est « féministe » (lol), bénéficie de certains privilèges du simple fait d’être né en étant assigné homme dans une société patriarcale. Cela ne signifie pas qu’il est une mauvaise personne ou qu’il doit être blâmé pour quelque chose qu’il n’a pas choisi, mais plutôt qu’il est important qu’il en prenne conscience pour ne pas perpétuer ces dynamiques.
Même si les parents ont une grande responsabilité de par leur rôle éducatif, l’idée qu’un individu puisse dépasser à lui seul les effets d’un système simplement par son éducation est une simplification extrême. Un enfant ne grandit pas dans un vase clos : il est influencé par son entourage, l’école, les médias, la culture populaire, les institutions, les réseaux sociaux… Croire que seuls les parents déterminent la manière dont un garçon se construit, c’est oublier que la société tout entière façonne sa perception du monde.
L’éducation des garçons : une responsabilité collective
Un autre élément récurrent dans les critiques faites aux féministes parents de garçons, c’est l’idée que l’éducation des enfants repose exclusivement sur les mères. Pourtant, les pères jouent un rôle tout aussi important dans la transmission des valeurs et des modèles de comportements.
Il est donc primordial de rappeler que ce n’est pas uniquement aux mères de porter cette responsabilité. Il faut aussi que les pères prennent activement part à cette éducation, et que l’ensemble de la société remette en question ses normes et pratiques. Si les représentations masculines dominantes continuent à valoriser la compétition, la domination et la minimisation des émotions, alors peu importe à quel point un parent aura été vigilant, son fils sera quand même exposé à ces influences.
Que faire, alors, quand on a un fils et qu’on est féministe ?
Bien que l’éducation seule ne suffise pas à renverser un système, elle reste un levier essentiel. Voici quelques pistes pour accompagner un garçon dans une démarche de déconstruction :
- Lui apprendre à reconnaître ses privilèges : Un garçon cis doit comprendre que certaines situations lui sont favorables simplement en raison de son genre. Lui en parler, lui donner des exemples concrets, l’aider à observer les injustices autour de lui est un premier pas.
- Encourager l’écoute et l’empathie : Le patriarcat enseigne souvent aux garçons à minimiser ou ignorer les expériences des femmes et des minorités de genre. C’est donc super important de leur apprendre à être à l’écoute, à respecter les limites et à ne pas prendre toute la place dans une discussion.
- Remettre en question les normes de genre : Les jouets, les vêtements, les activités, les émotions… Autant d’éléments qui sont genrés très tôt. Laisser un garçon explorer au-delà des stéréotypes, c’est lui donner les outils pour être plus libre et plus conscient des attentes sociales.
- Ne pas encourager la complicité masculine toxique : L’idée qu’« entre hommes, on se comprend » entretient des comportements sexistes et violents. Apprendre à un garçon à refuser ce genre de dynamique, à ne pas rire aux blagues misogynes, à remettre en question les comportements sexistes de ses pairs, c’est essentiel.
- Montrer l’exemple : Un enfant apprend avant tout par imitation. Voir des hommes prendre leur part des tâches ménagères, exprimer leurs émotions sans honte, respecter les femmes dans leur entièreté… Ce sont des modèles concrets qui marquent plus que de simples discours.

Avoir un fils et être féministe n’est pas une contradiction. C’est même un double engagement : l’engagement à lui offrir une éducation qui lui permette de grandir en dehors des carcans toxiques de la masculinité, et l’engagement à lutter pour un système qui ne perpétue pas les inégalités de genre.
Plutôt que de se focaliser sur des attaques simplistes (« Ton fils est donc un oppresseur ? »), il serait peut-être plus pertinent de se demander comment, collectivement, nous pouvons éduquer une génération qui refuse de perpétuer ces oppressions.
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