Dans les luttes antiracistes radicales, l’usage du mot “black” pour désigner une personne noire est très critiqué. Ce n’est pas qu’une question de vocabulaire, c’est une question politique. Dire “black” au lieu de “noir”, c’est cautionner un système qui invisibilise les oppressions réelles et alimente des fantasmes raciaux nuisibles.
Effacement et euphémisation du mot “Noir”
Le mot “noir” fait peur à beaucoup de francophones. Plutôt que de l’assumer, certain·es préfèrent dire “black”, pensant que c’est plus “neutre”, “doux” ou “cool”. Cette substitution révèle un malaise profond : pourquoi a-t-on besoin d’un euphémisme pour parler d’une couleur de peau ? Remplacer “noir” par “black” sous-entend que “noir” est une insulte ou un terme trop brut, alors qu’il ne l’est absolument pas. Refuser de dire “noir”, c’est perpétuer l’idée que la noirceur est quelque chose de négatif.

Anglicisme et exotisation : l’imaginaire fantasmé du “Black”
L’utilisation du mot “black” n’est pas anodine. En France et dans d’autres pays francophones, il est souvent associé à une imagerie très américanocentrée : hip-hop, basket, street culture, afro-américain·es perçu·es comme plus “cool”, plus “stylés”, plus “naturels” dans certains domaines. Or, cette projection efface totalement la diversité des personnes noires et de leurs expériences, en les enfermant dans des archétypes.
Dire “black” revient à exotiser les Noir·es, à les renvoyer à un imaginaire fantasmé, plutôt qu’à les considérer comme des individu·es à part entière.
Le double standard : pourquoi ne dit-on pas “white” au lieu de “blanc” ?
L’un des plus grands indices du caractère problématique de “black” est le fait que personne ne ressent le besoin de dire “white” à la place de “blanc”. Ce traitement différencié démontre bien qu’il ne s’agit pas d’un simple anglicisme inoffensif, mais d’un marqueur d’altérité. Les personnes noires sont perçues comme des “autres” à qui l’on attribue un mot étranger, tandis que les personnes blanches restent la norme.
Fétichisation et racisme : pourquoi “adorer” les Noir·es, c’est problématique
Le fétichisme racial, c’est la réduction d’un groupe humain à des caractéristiques fantasmées. Ce n’est pas une “célébration”, c’est une déshumanisation.
1. Pourquoi le fétichisme racial est du racisme ?
Le racisme, ce n’est pas seulement la haine ouverte ou la violence physique. C’est aussi un système d’oppression qui enferme les personnes dans des catégories rigides.
- Déshumanisation : Dire “les femmes noires sont sensuelles, sauvages, pulpeuses” ne reconnaît pas leur individualité, mais les réduit à des caractéristiques fantasmées, souvent héritées des fantasmes coloniaux.
- Stéréotypisation : “Les Noirs ont le rythme dans la peau”, “Les Noires sont plus passionnées”, “Les mecs noirs sont bien montés”… Ces clichés enferment les Noir·es dans des rôles assignés et les dépossèdent de leur complexité humaine.
- Reproduction de la domination : Les fantasmes sur les corps noirs ne sont pas inoffensifs. Ils sont le prolongement d’une histoire coloniale où les Noir·es étaient déshumanisés, hypersexualisés et traités comme des objets de consommation.
2. “Mais si j’aime juste les femmes noires, c’est raciste ?”
Tomber amoureux·se d’une personne noire n’a rien de raciste. Mais dire “j’ai un type, c’est les femmes noires” est problématique. Pourquoi ? Parce que cela déshumanise et homogénéise.
Aimer une personne noire pour sa personnalité, son charme, ses qualités propres, c’est normal. Mais dire qu’on aime “les Noires” comme un tout, c’est nier leur individualité et les voir comme un produit de consommation.
3. “Et si je trouve juste les Noir·es cools ?”
Trouver une personne cool parce qu’elle est drôle, talentueuse ou intelligente, c’est normal. Mais si on dit “les Noir·es sont cools” en pensant à un stéréotype du hip-hop, du sport ou de la “street culture”, c’est problématique. Encore une fois, c’est réduire des individus à des imaginaires collectifs.
En conclusion : déconstruire les mots pour déconstruire le racisme
Arrêter d’utiliser “black” au lieu de “noir”, refuser de fétichiser les personnes racisées, déconstruire nos imaginaires, ce ne sont pas des détails. Le langage façonne notre perception du monde et perpétue les oppressions. L’antiracisme radical ne se contente pas de dénoncer le racisme évident, il traque aussi les biais, les fantasmes et les dynamiques insidieuses qui alimentent la domination.
Nommer, c’est exister. Les Noir·es n’ont pas à être définis par des mots détournés, des fantasmes ou des projections exotiques. Dire “noir”, c’est dire la réalité, sans peur, sans filtre, sans exotisation.
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