TCC et nVEO : Habiletés sociales et émotionnelles chez un enfant avec TSA


TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) et nVEO (non Violence Educative Ordinaire) : Habiletés sociales et émotionnelles chez un enfant avec TSA (Troubles du Spectre Autistique) : pour les enfants en IEF (Instruction En Famille) ou scolarisé avec une AVS (Assistante de Vie Sociale)

Article et données mises à jour le : 6 juin 2023

1 – Les TCC, c’est quoi ? Dans quel cas sont-elles proposées ?

Les TCC font référence aux théories de l’apprentissage et aux modèles cognitifs du traitement de l’information. Les théories de l’apprentissage prennent comme base que lorsqu’un stimulus (un bruit par exemple) est associé à une situation qui entraîne la peur, le stimulus (entendre ce bruit) peut entraîner la peur. Les TCC visent donc à modifier la réponse d’un stimulus en modifiant le schéma inconscient appris par l’expérience. Pour cela, il est proposé à notre enfant d’être exposé à ce bruit en augmentant le son à chaque exposition, tout en créant un climat agréable, par exemple. Les renforçateurs positifs (félicitations et récompenses) viennent ancrer cette expérience « agréable » dans le cerveau de notre enfant, lui permettant de modifier son schéma habituel. Les autres renforçateurs (dit neutres ou négatifs) ont pour objectif de limiter l’intégration de ce comportement par le cerveau de l’enfant. Voilà pour la théorie pure.

Dans la pratique, en TCC, le thérapeute ne s’attaque pas qu’au bruit, mais aussi aux comportements socialement non acceptables, aux peurs, traumatismes, phobies, ainsi qu’aux troubles obsessionnels et anxieux. Et en particulier, pour notre enfant avec TSA, les TCC sont proposées pour lui permettre d’intégrer les habiletés sociales et les émotions.

Les TCC peuvent être utilisées dans de nombreuses prises en charge de notre enfant lorsqu’il va travailler avec un professionnel paramédical comme l’orthophoniste ou le psychologue, ou en thérapie alternative comme équitherapie…

Dans ces méthodes pour les enfants avec TSA, la plus connue est la méthode ABA. Cette méthode consiste à proposer un apprentissage « scolaire » à notre enfant, c’est-à-dire que l’adulte présent lui explique ce qu’il attend de lui, puis lui demande de le faire. L’adulte va dans un premier temps utiliser les renforçateurs pour fixer cet apprentissage dans le fonctionnement de l’enfant. Ensuite, notre enfant sera mis en situation de jeux de rôles dans laquelle il sera attendu de notre enfant d’utiliser le comportement qu’il a appris, là aussi avec des renforçateurs.

L’avantage visible et médiatisé des TCC c’est que ça fonctionne “bien et vite”, et de manière large. Le souci, c’est que c’est du conditionnement. C’est donc efficace seulement pour l’entourage, sur le court-terme et avec répercussion de mal-être chez la personne autiste. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons ?

2 – L’éducation VEO et les TCC ? Ou pourquoi c’est délétère pour le développement de l’enfant.

Le conditionnement c’est quoi ?

C’est le fait de créer des réflexes face à une situation type chez notre enfant. Ainsi, il adopte un bon (entendons socialement admis) comportement. En quoi c’est gênant ? Ce conditionnement, pour fonctionner, utilise plusieurs violences éducatives.

L’adultisme

L’adultisme c’est le fait de se mettre en posture supérieure face à un enfant, en prenant pour argument qu’on est adulte, donc que l’on sait mieux pour notre enfant ce qui est bon pour lui. Les adultes sont donc autorisés, sur cette base, à se comporter avec notre enfant de n’importe quelle manière, sans leur demander leur avis, leur consentement.

Alors, adultisme et TCC ne semblent pas forcément liés à première vue, et pourtant… Il est donc attendu de notre enfant qu’il adopte un comportement qui est jugé acceptable, adapté pour la société par le thérapeute. Notre enfant se voit porter des attentes posées par des adultes, une société, pour des comportements qui ne le gênent pas forcément, et qui ne mettent pas les autres en danger. Le thérapeute, l’adulte, est dans une posture de juge, une posture supérieure face à l’enfant en jugeant s’il a un bon comportement.


Ce paradigme du « superpouvoir » apprend aux enfants à douter d’eux-mêmes et à s’en remettre aux personnes qui font figure d’autorité pour prendre des décisions qui les concernent et leur dire ce qui est bon pour eux. Notre enfant va aussi apprendre que pour bien faire, il faut faire en fonction de ce que l’autre veut. Mais ce que l’autre veut, attend de lui, ça change en fonction de chaque situation, chaque adulte. Et si on pousse un peu plus loin, notre enfant va apprendre que ce que lui veut est moins important que ce que l’autre veut, surtout si c’est un adulte.
Personnellement, je souhaite que mon enfant puisse être acteur de ses choix et sache qu’il est aussi important que tout être vivant sur Terre.

Les renforçateurs

Les récompenses et les félicitations qui sont les renforçateurs dits positifs, sont aussi l’envers de la médaille de la punition, le renforçateur négatif, et ils vont tous avoir les mêmes effets. La récompense va modifier le fonctionnement du cerveau de l’enfant qui va se mettre à la recherche de l’approbation d’autrui pour savoir si ce qu’il a fait est bien. C’est gênant parce que notre enfant peut être fier de ce qu’il fait, alors que l’adulte en face jugera ça d’une autre manière. Plutôt que d’être satisfait de lui-même, notre enfant attend donc que les autres soient satisfaits de lui, il se retrouvera dans une attente permanente de la validation d’autrui, et ne sera satisfait de lui-même que lorsque tout le monde le sera. C’est impossible, et c’est parti pour une dévalorisation permanente.

Le fait d’ignorer le mauvais comportement de l’enfant peut être franchement destructeur pour lui. C’est ce qu’on appelle le retrait d’amour de manière plus large, c’est-à-dire lui apprendre qu’il n’est intéressant que s’il fait ce qu’on attend de lui. Lui apprendre qu’il peut être aimé en fonction de ce qu’il fait (et non ce qu’il est) et qu’en cas d’erreur, il est privé de cet amour,… c’est loin du lien que l’on a avec notre enfant. C’est ce qu’on appelle « l’amour conditionnel ». Cela apprend aussi à l’enfant à cacher ses « erreurs/bêtises/comportements inadaptés » pour éviter d’avoir à subir des conséquences négatives (retrait d’amour ou punitions par exemple).

Pourquoi les félicitations, punitions, récompenses, menaces et le chantage sont néfastes ?

Le soucis c’est que quand on lève les renforçateurs, le comportement va doucement revenir, se réinstaller, puisque notre enfant n’a plus de motivations extérieures ou de peurs pour continuer ses efforts. On est obligé de maintenir des renforçateurs pour maintenir les efforts de notre enfant, et on va même devoir augmenter la puissance de ces renforçateurs pour qu’ils restent efficaces. C’est une forme de dressage.

Préférons préserver la relation de confiance avec notre enfant, qu’il puisse venir nous voir en cas de soucis, de tous soucis, graves et moins graves.

La demande et le consentement de notre enfant

Une question importante est « est-ce que notre enfant est demandeur de cette prise en charge ? Est-ce qu’il est d’accord ? Et est-ce qu’il ressent vraiment une gène personnelle par rapport à l’objet de la prise en charge ? ». C’est à notre enfant de choisir, et non à nous, adulte, de lui imposer la prise en charge, de lui mettre une quelconque pression ou d’avoir des attentes sur le fait qu’il accepte et qu’il change.

Notre enfant doit être consentent et demandeur d’une prise en charge thérapeutique. Cela est indispensable pour travailler ce dont notre enfant est demandeur, pour qu’il le fasse pour lui-même. Pour respecter son libre arbitre, il doit pouvoir mettre fin à tout moment à la séance et à la prise en charge.
Cela est important car ça garantit le choix de notre enfant de faire cette prise en charge pour lui-même et non pour nous faire plaisir. Les résultats de la prise en charge seront alors plus profonds et plus pérennes. C’est en réalité une condition de base à toutes prises en charge d’un adulte, et elle devrait être aussi une base chez les enfants. Sans ce consentement, le travail n’est pas réellement possible.

Comment bien choisir son thérapeute ?, selon Alice Miller

Pour mettre en place une prise en charge, notre enfant doit être gêné ou en souffrance dans une situation, avec une peur ou un traumatisme. Cette gêne doit venir de lui, et non du poids de la société ou du regard d’autrui car dans ce cas là, la gêne ne lui appartient pas et il conviendra évidemment de réfléchir à ce qu’on pourrait même en place pour adapter son environnement, son entourage.

Si un comportement qu’il a, ne le gène pas, mais nous gène nous, nous ne pouvons pas lui imposer un suivi, nous pouvons en parler avec lui et chercher des solutions pour que chaque personne soient respectées.
Nous ne pouvons pas non plus proposer un suivi pour une hypothétique souffrance, puisque ce n’est pas le vécu de notre enfant, mais nos projections, nos craintes, notre vécu qui vont motiver cette prise en charge. A ce moment là, c’est à nous de faire le travail pour se détacher de nos craintes et nos vécus.
Si le souci n’est pas présent mais qu’il est prévisible, alors on peut discuter avec notre enfant de stratégies d’adaptation. (voir plus loin)

L’apprentissage des habiletés sociales

Petit zoom sur l’apprentissage des habiletés sociales chez les enfants avec TSA. Il est souvent proposé de constituer des groupes de plusieurs enfants pour qu’ils travaillent ensemble. Cela nous questionne. Comment notre enfant avec TSA peut apprendre à avoir des comportements appropriés dans une société majoritairement composée de neurotypiques, en « s’entraînant » avec d’autres enfants avec TSA ? On lui demande d’intérioriser des comportements à un moment T, dans un contexte artificiel et d’intégrer ses comportements pour les appliquer lors de sa vie en société.
J’y vois aussi une part stigmatisante pour notre enfant, qui se retrouve à devoir changer sa manière d’être, de s’exprimer, de vivre pour correspondre à un attendu social. Je trouve ça extrêmement triste, cela efface la beauté et l’essence même de notre enfant.

Ce travail d’apprentissage d’habiletés sociales sera à renouveler à chaque situation inconnue, à chaque changement de codes sociétaux. Il demande aussi un énorme effort de la part de notre enfant, qui va mettre toute son énergie à coller à l’image que les autres attendent de lui, sans même savoir s’il réussit, et n’ayant plus d’énergie pour ensuite avoir d’autres activités personnelles une fois rentré chez lui. Quand notre enfant a produit trop d’efforts pour coller aux attentes des personnes qu’il côtoie, il peut arriver à être tellement vidé d’énergie, qu’il subisse un shutdown ou un meltdown autistique. Cher payé pour ne pas déranger les autres…

Le travail devrait se porter sur la société pour qu’elle apprenne la tolérance, l’acceptation de l’autre dans ce qu’il est.

3 – Comment faire au quotidien sans TCC ?

Lire des livres

On peut lire des livres avec notre enfant, et prendre un temps pour décoder ce qui se passe. Lui demander : « Comment se sent l’enfant là ? Qu’est ce qui peut faire pour qu’il se sente comme ça ? Quel est son besoin à ton avis ? Et toi, ça se passe comment ? » On peut aussi travailler avec des vidéos.

Attention, certaines personnes ne souhaitent pas jouer un autre rôle, elles détestent « faire semblant » et faire semblant d’être quelqu’un d’autre lorsqu’on n’en a pas envie, ça peut nous secouer fort.

L’émotion du jour

Nous pouvons proposer à notre enfant un moment au cours duquel il peut exprimer son émotion du moment. Lui parler aussi de la notre, ça peut être l’occasion de discuter, de s’approprier ce qui se vit en lui, ce qui se passe et de lui rappeler qu’une émotion, ça va, ça vient, ça dépend des moments, mais ça ne le définit pas. Il ressent de la tristesse, il n’est pas la tristesse. Ça peut aider à accueillir les émotions fortes.

La CNV

La Communication Non Violente est un formidable outil pour se reconnecter, nous adultes, avec ce qui vit en nous, l’accueil de nos émotions et de nos besoins. En nous reconnectant, nous adultes, on peut alors être un exemple sur lequel notre enfant va s’appuyer et intégrer quand ce sera le moment pour lui, comment il peut, veut réagir à ses émotions. Cela implique de parler régulièrement de ce qui vit en nous. C’est aussi intéressant pour prendre soin de la relation à notre enfant.

Déchiffrer les situations

Lorsque l’on est tout au long de la journée avec l’enfant, on peut déchiffrer la communication non verbale à son enfant en lui disant « ton frère s’est reculé parce qu’il ne veut pas de ton câlin » ou « ton frère sourit, il a les yeux qui brillent, il semble être rempli de joie ». Notre enfant apprend donc au quotidien, de façon informelle, dans des situations réelles, comment interpréter les signaux non verbaux. On peut aussi regarder des enfants, des adultes vivre et voir ensemble ce qui se passe. Juste s’asseoir sur un banc et décrire ce que l’on voit et ressent.

Pour les situations compliquées, quand les comportements de notre enfant peuvent être gênants pour ceux qui sont autour de lui, on doit se montrer présents pour décrire, accueillir et débriefer. L’idéal étant de débriefer à froid, quand le cerveau de notre enfant est disponible pour enregistrer ce dont on va parler, parler de ce dont il a vécu sans être secoué par les événements. Ce sera plus facile aussi pour lui de prendre en compte la personne qui a été gênée par ce comportement une fois que l’on aura accueilli les difficultés de notre enfant.

Cet accompagnement demande une présence importante au cours de la journée. Il peut être réalisé par les parents ou tout autre figure d’attachement, si l’enfant est instruit en famille, et par tout autre adulte de confiance comme un.e AVS, un.e ami.e… qui soit une figure de sécurité pour l’enfant.

Séance photo et jeux du miroir

On peut aussi proposer à notre enfant de faire des séances photos en mimant les émotions, et en les regardant après, en les décrivant. Ou jouer à ce jeu avec lui devant un miroir. Fou rire garanti.

Résolution de problème

C’est une méthode utile lorsque la famille traverse une problématique. On peut proposer un temps de discussions avec les personnes concernées en reprenant les besoins, les envies et les problématiques de chacun et, ensemble, on cherche des solutions qui conviennent à tout le monde.
On peut également ainsi lister des activités qui aident notre enfant à se poser en cas d’émotions fortes. Ou lister les comportements qu’il peut adopter face à certaines situations. Bien souvent, le travail à froid permet de prendre de la distance, pour lui, pour nous, et à mettre en place des schémas de fonctionnement respectueux de chacun.

Le cerveau est plus à même d’apprendre quand notre enfant est motivé à cela, donc quand il en a envie, et qu’il s’y implique vraiment. Les jeux et les moments de partage vont permettre à notre enfant d’avoir une vraie place, avec une vraie considération. Ces moments vont aussi renforcer notre relation et sa sécurité. On met alors en place un accompagnement pour notre enfant, ça veut dire qu’on marche à coté de lui, on est là pour lui, et c’est lui qui choisi sa route.

N’hésitez pas à échanger et partager avec nous sur ce groupe dédié : Autisme sans VEO – Pour un accompagnement respectueux des enfants avec TSA !

Illustration par : @amphigary (instagram) / @amphigary (facebook) / amphigary@icloud.com


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