Accouchement physiologique et « maternités Nature »

La physiologie

C’est une des nouvelles sciences modernes, dont l’étude n’a commencé qu’après les années 50. Elle prend sa source dans les théories de naissance non violente développées par Frédéric Leboyer et Bernard This. Un des principaux avocats de l’accouchement physiologique est d’ailleurs Michel Odent, qui fut élève de Leboyer. Il décrit ses idées dans son livre « L’amour scientifié », paru en 1999. Un ouvrage particulièrement intéressant et interpellant, qui nous apprend bien des choses sur les secrets de l’accouchement au naturel, et notamment sur l’impact du fonctionnement du cerveau et des hormones.

La physiologie concerne donc aussi bien l’évolution corporelle, notamment des tissus mous (comment réagit le corps de la femme, si l’anesthésiste ne s’en mêle pas, et si le gynécologue n’impose pas ses principes), que les phénomènes chimiques (déploiement d’hormones au niveau du cerveau) qui sont absolument fondamentaux si l’on veut comprendre et respecter le processus naturel.

La physiologie c’est, pour reprendre la définition d’un célèbre dictionnaire français, « la science qui étudie les fonctions normales des organes et des tissus des êtres vivants ». Par « normal », on entend ce que la Nature avait prévu pour l’humain, pas ce que la médecine a développé et considère aujourd’hui comme normal – par exemple, la position gynécologique « normale » recommandée, pour ne pas dire exigée, dans les salles d’accouchement classiques, n’a rien de naturel. Autrement dit, la physiologie obstétrique, telle que la décrit et la développe Odent dans son livre, c’est étudier ce que la Nature a prévu pour les femmes qui accouchent.

Odent insiste particulièrement sur l’impact du néo-cortex, et en quoi les techniques d’accouchement classiques favorisent sa pleine action. Le néo-cortex est sur stimulé et mis en alerte par les salles d’accouchement classiques, il provoque des décharges d’adrénaline qui viennent contrer, freiner voire stopper les afflux d’ocytocine. L’inhibition néocorticale est propre à l’espèce humaine : elle est la seule, parmi tous les mammifères, chez qui le néo-cortex est si développé. La physiologie préconise de neutraliser, le temps de l’accouchement, ce néo-cortex, afin de revenir à des méthodes d’accouchement anciennes et naturelles. Tout doit être mis en œuvre pour cet endormissement du néo-cortex, et pour que la femme parturiente entre dans un autre état de conscience, « dans un autre monde », oublie les acquis et les exigences sociaux, et retrouve un comportement instinctif plus proche de l’animal.

Plus proche de nous dans le temps, les observations de Bernadette de Gasquet ont également participé au développement de ces nouvelles pratiques plus respectueuses. B. de Gasquet est professeur de yoga et auteure renommée spécialisée dans la féminité et les différents aspects, notamment physiologiques, de la maternité. Elle préconise entre autres de ne pas imposer de position à la femme accouchant, et surtout pas la position gynécologique classique qu’elle présente comme étant absolument anti-naturelle et même dangereuse (puisqu’elle favorise la détérioration du périnée et la descente d’organes).

La physiologie va à l’encontre de toutes les influences historiques et culturelles qui interfèrent avec l’accouchement. L’accouchement physiologique est l’exact opposé de l’accouchement médicalisé, assisté, contrôlé. C’est un accouchement libre, respectueux, naturel, autonome et spontané.

Les salles nature

femme debout dans salle accouchement

Ces dernières années, un sursaut de conscience étreint de plus en plus de mères et de praticiens, ce qui a favorisé le développement de salles Nature dans les maternités, où l’on pratique des accouchements physiologiques, respectueux, avec des pratiques moins médicalisées, moins technicisées, et plus proches d’un accouchement naturel.

Cela implique un accueil à échelle plus humaine, et plus doux : la femme enceinte doit bénéficier d’un espace qui lui est dédié, exclusivement prévu pour elle et son bébé à venir. La salle Nature doit inclure un espace de pré travail, et un espace pour l’accouchement. En somme, c’est un peu comme accoucher chez soi, mais avec un confort plus adapté, et une surveillance médicale discrète, mais présente.

La parturiente peut prendre tout son temps, elle n’est pas pressée par des impératifs de libération de salle ou de matériel, ni bousculée par du personnel épuisé, ni stressée par des changements multiples et une agitation frénétique autour d’elle.

Les salles d’accouchement Nature respectent le rythme naturel du processus de naissance. Bébé est accueilli dans le calme, dans un univers tamisé et aux sons étouffés ; les premiers soins lui sont prodigués sur une table à langer simple, non médicalisée, à côté de sa mère.

Ces salles reprennent les principes souhaités par les médecins dont nous avons exposé les conclusions dans le premier article de ce dossier : Accouchement physiologique et « maternités Nature ». L’intimité de la maman est respectée, ainsi que ses choix. Elle ne se voit pas imposer une position par le gynécologue, mais peut suivre ses instincts et même accoucher à quatre pattes, comme le préconisait Michel Odent. La position à quatre pattes est pour lui la plus naturelle, et la plus propice à un accouchement heureux et serein : en effet, cette position libère à la fois muscles et nerfs, et garantit une grande détente, favorisant l’afflux d’hormones telles que l’ocytocine et la prolactine, et des endorphines opiacées ; un cercle vertueux s’engage alors. Plus d’hormones amènent plus de détente, qui à leur tour amènent plus d’hormones, etc, permettant une naissance quasiment extatique.

Le père est présent sans être oppressé par le personnel hospitalier. Tout est pensé et conçu pour favoriser la détente, et l’installation d’une ambiance paisible et rassurante, afin d’accueillir dans les meilleurs conditions possibles le nouveau-né.

Dans ces salles, tout est mis en œuvre pour que le cerveau supérieur de la femme se relâche, et qu’elle entre dans un nouvel état de conscience. Le néo-cortex est progressivement endormi par l’ambiance qui chasse toute forme de stress, et le cerveau archaïque peut prendre le relais, et le dessus. C’est ce phénomène, commun à tous les mammifères, qui permet la libération des hormones naturelles dédiées à l’accouchement, la naissance, et l’installation du lien d’attachement avec bébé lorsqu’il paraît. Il est possible quand les besoins primaires de sécurité et d’intimité sont satisfaits. Cela nous amène à questionner le déploiement des hormones naturelles dans les salles d’accouchement classiques, totalement dépourvues d’intimité. Certes, les médecins injectent souvent aux mamans des hormones artificielles, mais il a été établi à maintes reprises que leur impact n’a absolument rien à voir avec celui des hormones naturelles. Cela a, même si c’est peu connu, même si c’est une info soigneusement étouffée, des répercussions dramatiques sur bien des êtres humains. Cela crée des douleurs qui accompagnent mères et enfants leur vie durant, simplement parce que le milieu hospitalier, dans sa course à la rentabilité, les a privés de cette décharge hormonale naturelle fabuleuse (ce « cocktail d’hormones de l’amour » si cher à Michel Odent) que la Nature a prévue pour toutes les mamans et tous les petits mammifères ( voir notre article : la séparation à la naissance : pourquoi il faut l’éviter).

Un accouchement au naturel prend donc en compte ce dont le corps de la parturiente a besoin. La salle d’accouchement au naturel doit prévoir les éléments qui vont lui garantir la sécurité et l’intimité nécessaires au déploiement du système archaïque de l’accouchement :

  • Une baignoire, favorisant la relaxation musculaire et mentale, ainsi que la dilatation du col de l’utérus ;
  • Un espace moelleux (matelas, banquette) suffisamment grand pour que la femme puisse se mettre à son aise ;
  • Une suspension solide où elle peut s’agripper (un réflexe naturel très fréquent lors des contractions) et s’étirer le dos ;
  • Un ballon de naissance pour aider à la détente, et à une meilleure position du bassin ;
  • Une lumière douce et tamisée ;
  • Le silence, ou bien une musique douce ou des sons naturels si la maman le souhaite ;
  • Un espace médicalisé en cas d’urgence, proche mais le plus discret possible, afin que sa vision ne génère pas de stress dans l’esprit et le corps de la maman.

Un accouchement au naturel se pratique bien sur sans péridurale, tout doit être fait pour favoriser au maximum les afflux hormonaux naturels et archaïques liés à la fin de la grossesse et de l’accouchement. La femme n’est pas exposée dans sa nudité, dans sa vulnérabilité, au regard d’inconnus qui lui mettent la pression et la traitent comme un numéro parmi d’autres, mais comme une personne pensante et ressentante.

Ces changements sont primordiaux et pourraient s’avérer décisifs dans le changement de l’humanité. Les dernières études scientifiques et toutes les observations des recherches menées autour de la naissance montrent à quel point cet évènement peut s’avérer crucial et déterminant pour le reste de la vie de chaque être humain.

Les doulas

Odent regrette en outre que, dans nos sociétés dites civilisées, il n’y ait plus réellement de transmission de savoir-faire ancestral entre les générations. Les femmes sont livrées à elles-mêmes dans un domaine mal connu et qui fait facilement peur, elles se laissent alors influencer par le corps médical et se réfugient dans le conditionnement sociétal qui les guide. C’est pourquoi il recommande fortement le recours aux doulas (il est d’ailleurs l’auteur d’une formation pour devenir doula).

Les doulas sont des femmes n’ayant pas a priori de formations médicales. Elles se basent sur leurs propres expériences et leur propre savoir. Elles offrent ainsi une sorte de protection aux futures mères, en leur enseignant ce savoir physiologique, ce droit à l’accouchement naturel, que les femmes généralement ne trouvent pas dans les structures médicales. Elles accompagnent la femme tout au long de sa grossesse, dans une relation tendre, reposant sur la confiance et l’intimité. Ce n’est en aucun cas un suivi médical, c’est une forme de soutien et d’accompagnement, qui débouche souvent sur de belles et durables amitiés.


Cette nouvelle catégorie « Devenir parents sereinement » est à l’initiative d’Anne-Catherine, afin d’informer les parents en devenir souhaitant accompagner leurs enfants respectueusement.


Illustration par : @amphigary (instagram) / @amphigary (facebook) / amphigary@icloud.com


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